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Interview

Youssef Alaoui : "La CGEM comprend également des MRE au Conseil d'Administration"

Dans le cadre de la première visite officielle de la CGEM en France du 14 au 16 Novembre, le patronat marocain a rencontré de nombreux interlocuteurs (MEDEF, Chambre de Commerce International, élus, députés, …) et discuté du potentiel des entreprises marocaines et des opportunités d’investissement au Maroc. Un premier résultat de ses entretiens est la signature de la convention de coopération visant la promotion et l'approfondissement des relations et des échanges économiques et commerciaux entre les deux pays.
Un projet de création de la Chambre Marocaine de Commerce et d’Industrie en France est même à l’étude.
En marge de cet agenda chargé, nous avons pu rencontrer le Vice-président de la CGEM M. Youssef Alaoui qui est également Président de la FISA (Fédération Interprofessionnelle des Secteurs Avicoles).
Interview audio…
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Temps de lecture: 5'
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Transcription de l'interview

- Yabiladi : Bonjour Monsieur Alaoui. C'est la première visite officielle du patronat Marocain, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), à Paris. Vous avez donc rencontré le MEDEF et la Chambre de Commerce International à Paris. Mais vous avez également échangé avec le Ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. En quoi la CGEM a-t-elle besoin de rencontrer le Ministre de l'Intérieur Français, anticipez-vous déjà les résultats des élections Françaises de 2007 ?

- Youssef Alaoui :
Pas du tout. Ce que je voudrais préciser, c'est que dans la matinée, nous avons rencontré le Président du groupe socialiste à l'Assemblée, Jean-Marc Ayrault, qui était accompagné de députés socialistes ; Monsieur Vallini aussi. Donc vous voyez, nous avons aussi bien vu des acteurs importants de la gauche, comme le PS, et dans l'après-midi, nous avons rencontré Monsieur Brice Hortefeux, qui est le Ministre délégué aux collectivités locales. Non, pas Monsieur Sarkozy qui était effectivement prévu au programme mais qui était pris par des engagements aujourd'hui. Donc nous avons rencontré les gens de gauche, les gens de droite, et je crois que si la visite avait pu s'étaler dans un temps un peu plus long, nous aurions été heureux de rencontrer d'autres acteurs de la vie politique Française. Notre démarche est avant tout économique. Même au sein du patronat, nous avons des sensibilités différentes mais bien entendu un seul but : promouvoir l'entreprise. Du coup, nous n'anticipons en rien sur la vie politique Française. C'était très instructif ; ce sont des gens qui connaissent très bien le Maroc et de notre côté nous n'avons pas ressorti le même discours lorsqu'on présente les avantages du Maroc ou autre chose. La chose était de dire : nous sommes le côté pratique, le nouveau patronat Marocain, et le nouveau patronat Marocain dans sa globalité voudrait absolument dans le cadre de la mondialisation, se rapprocher des entreprises Françaises et plus particulièrement des PME Françaises parce que contrairement à ce que nous pensions, plus de 90 % (près de 94 %) du tissu industriel Français est constitué de PME. Et nous sommes dans les mêmes logiques au Maroc : nous sommes à 94 % de PME. Et je crois que dans le cadre de cette mondialisation, ce qui pourra sauver les entreprises de par et d’autre, c'est peut-être des mises en commun de moyens matériels ou humains pour faire avancer les choses et se préparer à ce qu'on a appelé tout à l'heure le « tsunami asiatique ». Je crois qu'il y a des exemples concrets : quand on voit les performances de Maroc Télécom dans le cadre de la libération qui a été faite et qui constitue, je crois, parmi les parts non négligeables du résultat de Vivendi et qui a disons amélioré, même sensiblement, la structure financière de Vivendi, on peut dire que lorsque des compétences se mettent ensembles des deux côtés de la rive, on peut y arriver.


Vous êtes le Vice-Président de la CGEM. On connaît le Président, Monsieur El Alamy, qui a fondé le groupe Saham, qui travaille notamment dans le domaine de l'informatique, du service informatique et de l'offshoring. Vous n'êtes pas sans savoir que le Maroc essaie de se placer dans ce domaine là. Il y a beaucoup d'effervescence dans ce secteur ces dernières années avec notamment le plan Emergence et le lancement du Casashore, qui est la plate-forme de l'offshoring. Et puis récemment on a aussi entendu parlé de la fusion entre Cap Info et Omnidata, qui sont deux grandes sociétés de services informatiques Marocaines. Avez-vous réussi à vendre le Maroc, les nouvelles technologies et l'offshoring aux opérateurs économiques Français, notamment avec vos homologues du MEDEF ?

Il faut être clair là-dessus. Lorsque nous parlons de délocalisation, bien entendu nous avons tout ce qui est délocalisation sauvage. Lorsqu'on a vu certaines entreprises en France déménager leurs matériels le week-end, il ne s'agit pas du tout de ce cas d'espèce. Ce que nous avons remarqué, c'est que lorsque dans le cas de délocalisation organisée et ciblée, contrairement à ce qu'on peut croire, et l'exemple nous a été donné par nos partenaires du MEDEF hier, ce sont des emplois qui sont préservés en France. Et ce sont des emplois qui sont redéployés dans d'autres secteurs, parce que si tel n'était pas le cas, les gains de productivité que la société mère en France obtient grâce à la filiale Marocaine lui permet effectivement de recruter, de réajuster leurs embauches et de redéployer le personnel. Nous avons eu des cas d'espèce où les délocalisations bien étudiées ont, au contraire, accrue la productivité de la société mère en France.


Là vous êtes en train de reproduire le système cher à Monsieur Sarkozy : l'immigration choisie. Là c'est la délocalisation choisie ? (sourire)

L'immigration choisie, je vous assure qu'on est contre. Parce que se faire dépouiller de nos compétences au Maroc (et on l'a vu ! et on l'a vu !), je vous assure lorsque l'on parle de nos ingénieurs, nous sommes profondément choqué de voir des pans entiers de sociétés informatiques au Maroc, de back office, de banques ou d'assurances partir. Vous savez les offres de recrutement par Internet, c'est le moyen le plus gros de recrutement sur des postes comme ceux-la. Au contraire, je vous assure que l'immigration choisie, nous ne nous inscrivons pas du tout dans ce cadre là.


Dans tous les pays où se trouve une communauté Marocaine, on peut identifier plusieurs chefs d'entreprise Marocains ou d'origine Marocaine. Avez-vous déjà tenté de créer des ponts entre ce patronat Marocain à l'étranger, on pourrait les appeler les PME, et le pays d'origine le Maroc ?

Oui et c'était d'ailleurs l'objet de la discussion que nous avons eu à la Chambre de Commerce International, et surtout avec le MEDEF et Madame Parisot. Bien entendu au sein du Conseil d'Administration du patronat Marocain, figurent en bonne place des ressortissants Marocains qui sont installés des deux côtés des deux rives, qui étaient en France et qui ont aussi pied au Maroc maintenant. Et nous sommes fiers de leur réussite et vous en avez pas mal à travers votre site Yabiladi.com ; je crois qu'ils y interviennent fréquemment. Madame Parisot s'est même proposée, lors d'une prochaine rencontre, d’organiser au sein du MEDEF, de montrer ces Marocains qui ont réussi en France. L'initiative est venue d'elle-même et nous avons trouvé ça formidable comme idée et nous dit « écoutez nous avons une communauté d'entrepreneurs et de gens qui s'investissent ». Contrairement à ce qu'on peut voir à la télé, je crois qu'il y a beaucoup de gens, on nous montre de minorités mais je crois que dans une large majorité les gens travaillent, les gens veulent travailler, les gens veulent s'instruire et je crois qu'effectivement que cette idée initiée par le MEDEF montrent des Marocains qui ont réussi en France, que ce soit dans le commerce, l'industrie ou même dans le petit commerce, je trouve que c'est une super initiative.

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