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Maroc : Rapport alarmant du CESE sur l'accès aux soins de santé

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a divulgué un diagnostic préoccupant sur l’accès des marocains aux soins de base. Dans son rapport, le CESE déplore les fortes inégalités et la centralisation du secteur. Une réforme sanitaire est plus que jamais attendue.

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C’est un constat des plus affolants en matière de santé que vient de faire le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Celui-ci vient de publier un rapport commandité par le Chef du gouvernement sur la situation de l’accès des marocains aux services de santé. Tout ce qu’on peut dire est que le bilan de ce diagnostic est loin d’être reluisant. Et pour cause, le secteur de la santé est toujours plombé par ses maux ordinaires : manque criard de moyens humains et matériels, cherté des soins, corruption, absence de coordination entre le public et le privé…

Si aujourd’hui cela ne semble plus une surprise, le constat du CESE a de quoi susciter des inquiétudes. D’après son rapport, le secteur est marqué par une pénurie de personnels soignants et une répartition très inégalitaires en fonction des régions. Le CESE appelle d’ailleurs à améliorer la régionalisation des services de santé.

 24% de la population accèdent difficilement aux soins

Au delà de ces faits, le Conseil souligne que le Régime d’assistance médicale aux économiquement démunis (Ramed) tarde encore à atteindre ses objectifs. Plus inquiétant encore, 24% de la population marocaine accèdent difficilement aux soins et vivent à plus de 10 km d’un centre de santé. Cette situation entraine inévitablement une forte mortalité maternelle et infantile dans certaines zones.

En outre, selon Hakima Himmich, membre de la commission des affaires sociales du CESE, les médecins refusent d’exercer dans les zones reculées. Pourtant, 70% des 2 500 centres de santé sont concentrés dans le milieu rural. Mais le manque de moyens et les problèmes d'ordre financières les rendent inefficaces. L’autre problème de santé est lié aux inégalités relatives au genre. Par exemple, «les grossesses chez les adolescentes, principale cause de décès chez les filles de 15 à 19 ans, et les avortements en milieu non médicalisé sont des facteurs importants de mortalité maternelle» comme l’a expliqué Hakima Himmich. A ce sujet, le CESE recommande d’ailleurs un débat national sur l’avortement sachant qu’en 2012 près de 50 000 adolescentes ont accouché.

Prédominance du public pour les soins de base

S’agissant des secteurs privé et public, le CESE regrette le manque de coordination. Aujourd’hui, le privé s’accapare de 50% des médecins, 90% des pharmaciens en plus de 10% des infirmiers. Mais, c’est le secteur public qui prédomine dans «l’organisation de l’offre des soins de santé de base». Une concertation avec le public semble donc nécessaire pour l’amélioration des soins. C’est l’Etat qui finance, administre et fournit les prestations dans le domaine de la santé. A en croire les experts, ce mode de fonctionnement a «atteint ses limites». La construction des centres de santé ne s’est pas effectuée avec la mise en place de ressources humaines et matérielles suffisantes, ce qui a conduit à la fermeture de quelque 143 de ces centres alors que d’autres sont très peu fréquentés.

Vers une carte sanitaire nationale

Selon le ministère de la Santé, il manque 6 000 médecins et 9 000 paramédicaux au Maroc. Pour arriver à trouver tout ce personnel, il faudra sans doute miser sur une stratégie à long et moyen terme. Le CESE propose ainsi de répondre au défi sanitaire par la réorganisation des centres de santé. Une politique qui doit notamment passer par la mise en place d’une carte sanitaire nationale qui sera adaptée aux spécificités géographiques locales.

Aujourd’hui, 53% des dépenses de santé sont supportées par les ménages alors qu’il est reconnu que les médicaments coûtent très chers au Maroc. Pour aider les ménages à réduire leurs dépenses en matière de santé, Le CESE recommande l’utilisation des génériques. Dans une interview sur les Ecos, Jaouad Chouaib, membre de la cellule du CESE ayant travaillé sur l’accès aux soins, a indiqué qu’il faut commencer par faire une analyse du prix du médicament pour arriver à un équilibre entre les différents intervenants. Pas question donc de procéder à une «baisse à l’aveugle».

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