L’affaire Karima Benhellah refait surface huit ans après. Cette aide-documentaliste de 33 ans au lycée Guez-de-Balzac d'Angoulême avait disparu lors de ses vacances au Maroc en juillet 2005. Ce lundi, s’ouvre devant la Cour d’assises de Charente le procès de Karbal Dandouni, un marocain de 41 ans, accusé d’avoir fait disparaître sa femme qui n’est jamais rentrée en France. Les jurés auront jusqu’au vendredi soir pour se prononcer, comme le rapporte Sudouest. Ils tenteront de trouver si Karbal, inculpé pour «meurtre avec préméditation», a tué sa femme avant de la faire disparaître.
Tout ce qu'on peut dire est que cette responsabilité loin est d’être determinée. Pour preuve, depuis 2005, aucune donnée précise n’a été obtenue sur la disparition mystérieuse de Karima dont le corps n’a jamais été retrouvé. En plus, il est toujours difficile de prouver que Karbal a assassiné sa femme malgré plusieurs révélations concernant des actes de violences envers elle. Pourra-t-on condamner un accusé sans avoir trouvé de corps ?, s’interrogent certains.
La famille de Karima veut savoir
La famille de la victime est elle plongée dans le désarroi depuis de longues années. Mohammed Benhellal, le frère de Karima, accuse clairement Karbal d’avoir assassiné sa femme même si aucune preuve concrète n’a encore été trouvée. Toutes ses accusations se fondent sur les rapports conflictuels qu’entretiennent les deux conjoints et le fait que Karim ait détruit des biens appartenant à son épouse une fois de retour en France. «Qu'il nous dise ce qu'il a fait de notre sœur !», demande la famille.
Selon Mohamed Benhellal, il n’y a pas de doutes, Karbal a tué Karima Benhellal et l’a enterrée quelque part au Maroc. «Quand j’ai su qu’il était revenu avec une autre femme qui avait les papiers de ma sœur, qu’il avait détruit sa voiture et vidé l’appartement, je me suis dit qu’il l’avait tuée. Pour moi il l’a ramenée sur son terrain au Maroc et l’a tuée. Malheureusement, pendant deux ans, personne ne m’a écouté...», a-t-il indiqué dans une interview.
L’avocat de la famille est tout aussi convaincu de la culpabilité de Karbal. «Il n'a pas avoué. Il n'y a pas de corps, mais tous les éléments de la culpabilité» sont là, a pour sa part, indiqué Me Gérard Chemla, avocat de la famille de Karima, avant l’ouverture du procès.
Passé trouble pour le mari
D’après la famille de la victime, Karima était une femme «joviale» mais «détruite». Son mari la violentait. Elle avait même déposé plusieurs plaintes contre lui avant de les retirer à chaque fois. Ce qui est sûr, le passé de Karbal ne plaide pas en sa faveur. Il dispose déjà d’un casier judicaire bien rempli pour vol, viol, violences, trafic de stupéfiants, port d'arme… Avant son retour en France sans Karima, Karbal qui avait épousé une seconde femme en 2003, a vidé les comptes de sa première femme en effectuant de multiples retraits dans des DAB à Casablanca.
Pour rentrer en France avec son fils de sa seconde épouse, il se serait servi des papiers de Karima pour que Rabia, sa seconde femme, puisse passer la frontière maroco-espagnole. Selon les témoignages de l’une de ses sœurs et l’un de ses beaux-frères, il aurait détruit un passeport lors d’un arrêt à Bordeaux.
Pourtant, depuis l’ouverture de l’enquête, Karbal Dandouni, qui a déjà effectué un an de détention provisoire et se présentera libre face aux jurés, continue de clamer son innocence. Dernièrement, il s’est procnoncé sur l’affaire via Facebook. «Que Dieu guide ces gens qui m’ont fait beaucoup de mal ! Je les plains ! Dieu est grand.», avait-il indiqué sur le réseau social.