Les nouvelles politiques migratoires annoncées par le roi et progressivement mise en place par le gouvernement n’a pas signifié la fin des rafles et des expulsions groupées dans le nord du royaume. Hier, mardi 26 novembre, à Rabat, le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (Gadem), a demandé publiquement un moratoire sur les expulsions pour établir un climat de confiance, dans le cadre d'une conférence de presse anniversaire de la loi 02-03 relatives à l'entrée et au séjour des étrangers au royaume du Maroc.
La requête du Gadem est plus audible que jamais pour les autorités marocaines. «Après 7 ans de clandestinité, nous avons enfin reçu le récépissé qui régularise notre situation en tant qu’association», se réjouit Mehdi Alioua, sociologue à Sciences-Po Rabat UIR et président du GADEM. Cette reconnaissance officielle s’accompagne depuis près de 2 ans de l’écoute attentive du CNDH, et depuis un mois à peine d’une ligne directe de communication entre l’association et le ministère des MRE également chargé au sein du gouvernement Benkirane II des Affaires de la migration.
Climat de confiance nécessaire
Par ce canal de communication récemment ouvert, «nous avons demandé au gouvernement la mise en place urgente d’un moratoire contrer les expulsions et les réadmissions, au Maroc, des migrants non ressortissants», détaille Mehdi Alioua. Le Maroc a annoncé un processus de régularisation des personnes en situation irrégulières d'un an, soit une période exceptionnellement longue au regard de ce qui se fait dans les autres pays. «Nous attendons la définition des critères exactes de régularisation pour savoir si cette politique sera généreuse ou non, mais dans tous les cas, elle est impossible sans un moratoire sur les expulsions. Il est nécessaire pour établir un climat de confiance. Sans lui aucun migrant n’acceptera de discuter avec les autorités», explique le chercheur.
«Il y a une véritable question de confiance qui se pose. Je connais des Subsahariens en situation irrégulière qui demandent à ce que les informations recueillies pendant la campagne de régularisation ne soient pas partagées avec l’Union européenne, en particulier leurs empreintes», rapporte Hicham Rachidi, secrétaire général du Gadem.
Il milite également auprès du gouvernement pour la régularisation des autres associations qui œuvrent au Maroc dans le domaine de la migration, en particuliers les associations formées par les migrants eux-mêmes. «Cela participera également à l’établissement d’un climat de confiance à même de supporter la fondation de la nouvelle politique migratoire marocaine, insiste Hicham Rachidi, mais il y a une difficulté supplémentaire : les étrangers n’ont pas le droit de former des associations au Maroc.»