Est-ce la fin de la lune de miel entre Al Jazeera et le Polisario ? La nouvelle ligne éditoriale de la chaine qatarie a fait des mécontents au sein de la direction du Front. Mohamed Khadad en est l’un d’eux. Le représentant du Front aux Nations Unies, a annoncé, samedi 23 octobre, son intention de boycotter Al Jazeera. Il a déclaré tout haut ce que la majorité chuchotait entre elle au sein des camps de Tindouf.
Les raisons du boycott
Dans un communiqué, qui n’a pas été relayé par l’agence de presse officielle du Polisario, Khadad a expliqué que sa décision est due, notamment, à l’absence dans les photos et les illustrations des reportages d’Al Jazeera de ligne de frontières entre le Maroc et le Sahara occidental, comme c’était la règle auparavant. En effet, depuis quelques mois, la chaine a adopté une nouvelle approche, même si ce n’est pas toujours la règle. Parfois, elle écrit sur la région du conflit «Sahara occidental», comme c’était le cas lors d’un reportage sur la libération provisoire du journaliste Ali Anouzla (voir vidéo).
Le deuxièmement grief porte sur le peu de temps consacré au Polisario par rapport à celui réservé à la partie marocaine. Mohamed Khadad était pourtant l’invité d'Al Jazeera pour commenter la visite du roi Mohammed VI à Washington, sa rencontre avec Barack Obama et surtout expliquer les éloges du président américain au plan d’autonomie au Sahara occidental, proposé par le royaume en 2007. Mais ce dernier, en guise de protestation a décidé de boycotter l'émission de la chaîne qatarie. Les jeunes radicaux du Polisario ont fortement critiqué Mohamed Khadad et sa politique de la chaise vide, qui bénéficie principalement au Maroc.
L’arrivée du nouvel émir a contraint Al Jazeera à changer sa position
Apparemment, Al Jazeera souhaite prendre ses distances vis-à-vis du conflit au Sahara. Un changement qui coïncide avec l’arrivée au pouvoir à Doha du prince Tamim à la place de son père. Lequel a abdiqué au profit de son fils dans des circonstances non-encore clarifiées.
Durant les années de règne de l’émir Hamad, la chaine s’était totalement alignée sur les positions du Polisario. Un engagement médiatique qui est, en grande partie, la cause de la fermeture du bureau d’Al Jazeera à Rabat. Actuellement nous assistons à l’amorce d’un rééquilibrage qui est appelé à se consolider davantage dans les prochains mois.
Pour rappel, l’émir Tamim avait réussi, en 2010 lors d’une visite au royaume où il s’était entretenu avec le roi Mohammed VI, à réconcilier Doha et Rabat. Depuis, le fil des contacts entre les deux responsables n'a pas été rompu. Un rapprochement qui fait de l'ombre au Polisario qui ne jouit plus désormais de la même attention de la part de la chaîne d'information de Doha.