Le Maroc est présent dans le second tome des mémoires de José Maria Aznar, «L’engagement du pouvoir». L’ancien Chef du gouvernement espagnol (1996-2004) y évoque en 1998 des discussions tendues, au Maroc, entre lui et le roi Hassan II et une année auparavant des échanges de vues assez virulents avec le prince héritier Sidi Mohammed au palais de la Moncloa à Madrid. Au cœur des différents entre le royaume et l’Espagne dirigé par les très conservateurs membre du parti populaire figurent le Sahara occidental et le dossier de Sebta et Melilla.
Au début de ses mémoires, José Maria Aznar parle du Maroc avec un certain enthousiasme. D’ailleurs, il lui réserve son premier voyage officiel à l’étranger en tant chef de l’exécutif. C’était en mai 1996. Ses entretiens avec le roi Hassan réconfortaient son ambition de maintenir une bonne relation avec le voisin du sud.
La rencontre avec le prince héritier «n’était pas facile»
Dans son livre, Aznar révèle que sa réunion avec le prince héritier du Maroc, en visite à Madrid en 1997, «n’était pas facile». Le futur Mohammed VI aurait demandé au Chef du gouvernement espagnole de modifier sa position sur le Sahara occidental, marquée par une neutralité passive de Madrid, et aborder les revendications souverainistes du royaume sur Sebta et Melilla.
José Maria Aznar assure dans ses mémoires qu’il a rejeté toutes les exigences marocaines. Selon lui Rabat «n’a pas bien jugé les intentions et les objectifs du nouveau gouvernement espagnol. C’est une erreur de calcul qui ne sera d’ailleurs pas la seule».
Tension avec Hassan II
En avril 1998, Aznar est de retour au Maroc dans le cadre d’une visite officielle. Cette fois, sa rencontre avec le roi Hassan II ne s’est pas bien terminée ; la cause : Sebta et Melilla. Les discussions étaient «davantage compliquées», reconnaît-il que celles tenues une année auparavant avec le prince héritier.
«A un moment, Hassan a prononcé le mot guerre, pour dire que son pays n’allait jamais la déclarer à cause de cette question (Sebta et Melilla). Il me paraissait que son commentaire n’avait pas lieu d’être et j’ai décidé, alors, de répliquer. Il me parait que votre position est bonne parce que en faisant la guerre contre l’Espagne, le Maroc la perdrait».
La crise de l'îlot Persil : une grande erreur stratégique
Avec l’intronisation de Mohammed VI, les relations avec l’Espagne d’Aznar se sont nettement détériorées. Dans son livre, Aznar évoque le non-renouvellement de l’accord de pêche de 1995, arrivé à échéance en 1999. Une décision «inspirée» par Jacques Chirac, estime José Maria Aznar. Il ajoute même que l’ancien président français a pleinement participé à la «stratégie de pressions» menée par le Maroc sur l’Espagne sur le dossier de Sebta et Melilla.
La partie Maroc des mémoires d’Aznar se concluent avec l’affaire de l’îlot Persil ou Leïla. Pour l’ancien locataire du palais de la Moncloa, il s’agit «d’une erreur stratégique» de la part du roi Mohammed VI. Là aussi, il soutient que l'appui «sans équivoque» de Jacques Chirac, ainsi que la position de certains milieux politiques et médiatiques espagnols, ont influencé la décision du souverain marocain de dépêcher quelques gendarmes sur l’ilot Leïla.
Aznar a révélé dans son livre que le Chef des armées, l’amiral Antonio Moreno était contre une intervention militaire pour déloger les gendarmes marocains du "rocher" comme l'avait qualifié l'ancien secrétaire d'État américain, Colin Powell. Mais «ma décision finale, était que oui».