Prix des communications mobiles : « Le Maroc pas cher comparé à l’Europe », selon l’ANRT

En termes de prix des communications mobiles, «le Maroc [n’est] pas cher comparé à l’Europe», indique l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), dans un communiqué sur l'état du marché, rendu public mardi 30 octobre.

Pour tirer cette conclusion, l’Agence se base sur un communiqué de la Commission européenne, parue en août dernier. Lequel pointait l’écart de prix de 774% - constaté en 2011 - entre le pays le moins cher, la Lituanie (1,9 centimes/minute), et le plus onéreux les Pays Bas (14,7 centimes/minute), quand la France est à 12,7 centimes/minute.

Au vu des prix affichés par les 28 Etats membre de l’UE, l’ANRT estime que «les prix des communications mobiles au Maroc mesurés par le revenu moyen par minute(ARPM), se situent nettement au-dessous de la moyenne UE estimée à 9,1 centimes». En 2011, souligne l’Agence, « l’ARPM a enregistré une baisse annuelle significative de 34% par rapport à 2010, atteignant 0,74 DH HT/min (6.6 centimes d’euros). Cette baisse s’est poursuivie en 2012 et 2013».

En effet, les dernières données transmises par l’ANRT révèlent un recul du prix des communications mobiles de 25% à fin septembre, par rapport à la même période l’an dernier, passant de 0,57 DH HT/min à 0,43 DH HT/min (3.8 centimes d’euros), indique la même source. Comparé à 2011, l’ARPM mobile est en baisse de 42%, ajoute-t-elle. «Ceci montre clairement que le marché des télécommunications au Maroc comparé à celui de l’Europe, est fortement concurrentiel, permettant aux consommateurs de bénéficier de plusieurs avantages : une multitude d’offres et des tarifs en baisse continue», conclue le régulateur du marché dans sa brève analyse.

Comparaison crédible ?

L’ANRT essaie-t-elle de calmer les multiples plaintes concernant la cherté de la communication mobile au Maroc ? Car il faut le dire, celles-ci persistent. Mais de là, à comparer des données de 2011 en insistant sur la baisse continue observée pour conclure, cela semble un peu tiré par les cheveux. D’autant plus que, de l’autre côté de la rive méditerranéenne, la Commission européenne (CE) a essuyé de nombreuses critiques quant à la représentativité des données divulguées.

La Fédération française des télécoms (FFTélécoms), notamment, avait déploré « l’absence d’une méthodologie explicite», surtout que «le secteur européen des télécoms se caractérise par de fortes disparités économiques, réglementaires et fiscales qui rendent les comparaisons hasardeuses». Pour le cas de la France précisément, le segment de la téléphonie mobile a connu, en 2012, une baisse considérable, suite à l’offre de Free (jusqu'à 3 centimes d'euros/minute), sur laquelle plusieurs opérateurs se sont alignés.

Que l’ANRT se fie à ces données pour affirmer que les appels mobiles ne sont pas chers au Maroc, par rapport à l’Europe, laisse dubitatif. D’autant plus que, même les Marocains résidant à l'étranger (MRE) se plaignent de la cherté de la communication mobile lors de leurs séjours au royaume. A noter que, d’après un rapport du cabinet Arab Advisors Group, le Maroc est le pays le plus cher sur ce segment, dans le monde arabe.