A Tarifa, ville située ans le sud de l’Espagne, à environ 11 kilomètres des côtes marocaines, un cimetière dénommé «Santo Cristo de las Ánimas» compte plusieurs tombes d’immigrés marocains. Pas de famille ni d’amis au pied de leurs tombeaux. Et pour cause, les autorités locales n’ont pas été en mesure de les identifier avant que leurs corps ne soient enterrés «à jamais», indique le journal en ligne espagnol ABC, dans un reportage publié ce vendredi 25 octobre.
Il s’agit de Marocains ayant tenté de faire la traversée du détroit clandestinement. Leurs corps ont, soit été rejetés par la mer ou repêchés, sans vie, par les secouristes espagnols. Seule l’inscription «Immigré du Maroc» et, pour certains, la date où le corps a été retrouvé, figurent sur leur sépulture.
Une plaque commémorative a également été placée à coté de leurs tombes. Il y est écrit : «En la mémoire des immigrés décédées dans les eaux du Détroit».
12 autres dépouilles anonymes
Le cimetière «Santo Cristo de las Ánimas» n’est pas le seul à accueillir des dépouilles marocaines non-identifiées. Celui de Los Barrios, une petite commune située à quelques kilomètres de Tarifa, en compte une douzaine. Ces derniers faisaient partie des 37 victimes du naufrage de Rota, survenu il y a exactement 10 ans de ça, le 25 octobre 2003.
Aujourd’hui, une cérémonie est prévue sur place en leur honneur. «Nous nous demandons si ces vies n’auraient pas pu être sauvées si les choses avaient été bien faites, si les mécanismes de sauvetage adoptés étaient meilleurs. Est-ce que ça ne pouvait pas être évité ?», s’interroge Rafael Lara, président de l’Association de défense des droits humains (APDH) d’Andalousie, citée par la même source.
Près de 16 000 morts en 10 ans
Selon lui, entre 4 000 et 6 000 immigrants clandestins d’Afrique viennent chaque année en Espagne, par la mer. «La situation en Afrique est pire qu’il y a dix années. Les immigrés ne souffrent pas seulement de la faim. Beaucoup sont de vrais réfugiés politiques», souligne-t-il. «Malgré que l’Europe ait investit de grandes sommes pour freiner l’immigration clandestine, ils continuent de venir». Pour le responsable, l’Union européenne doit absolument changer de politique d’immigration.
Selon l’association, ils sont entre 15 000 et 16 000 migrants à avoir trouvé la mort, durant les dix dernières années, en tentant de rejoindre les côtes espagnoles. «Un fait que l’on (Ndlr : les autorités) tolère tranquillement», regrette son Rafael Lara.