Le classement annuel de RSF de la liberté de presse dans le monde vient de tomber. Le Maroc y améliore sa position par rapport à l’édition précédente, il fait un minuscule bond de deux petites places, se situant au 136ème rang. Dans l’ensemble, et sans trop rentrer dans les critères propres à RSF, ce n’est guère un résultat reluisant ou qui mérite d’être loué par le gouvernement Benkirane. En effet, l’Afghanistan fait mieux que le royaume, le pays de Hamed Karazai est 128ème, gagnant en une année 22 places. «L’absence de journalistes emprisonnés explique cette hausse», lit-on dans le document RSF. A bon entendeur salut.
Les arrestations des journalistes Anouzla et Hasnaoui dans le rapport 2014
Le travail de Reporters sans frontières couvre la période 2012, une année où l’équipe Benkirane a tenté de donner d’elle une image d’ «ouverture» aux critiques de la presse. En 2014, les détentions d’Ali Anouzla et Mustapha Hasnaoui pour terrorisme plomberont, à coup sûr, le classement du Maroc.
Le rapport du RSF est, d’ailleurs, conscient de ces facteurs. Ce qui explique son appel au cabinet dirigé par le secrétaire général du PJD en vue d’accélérer les réformes du champ médiatique, comme annoncé dans le programme de Benkirane I. RSF rappelle les promesses, non tenue, de «la dépénalisation des délits de presse» qui « tardent à se concrétiser». Et pointe du doigt «l’arbitraire et l’absence de transparence sont souvent de mise dans les prises de décision, notamment dans l’octroi et le retrait des accréditations», une allusion plus que transparente au cas Omar Brouksy, journaliste à l’AFP.
Non loin du Maroc, force est de constater que la parenthèse du «Printemps arabe» est terminée. Les révolutions en Tunisie, Libye et en Egypte n’ont plus la cote. «Certains nouveaux gouvernements engendrés par ces mouvements, dont les revendications et les aspirations à davantage de libertés avaient été largement relayées par les journalistes et les net-citoyens, se retournent contre ces derniers», déplore RSF dans son rapport.