La justice marocaine traite en ce moment des dossiers très compromettants pour l’image du pays à l’étranger. Celui de Mohamed El Baladi, ce jeune converti au christianisme, en est l’un d’eux. Son procès s’est poursuivi, hier après-midi, à la cour d’appel de Fès. Une audience marquée par la présence de onze avocats, tous membres de l’AMDH, dont un fraichement arrivé du barreau de Meknès.
A l’instar de la séance du 27 septembre dernier, le juge a décidé le report de l’examen de l’affaire au 26 décembre prochain. C’est, en effet, la défense d’El Baladi qui en a formulé la requête afin d’accorder davantage de temps aux nouveaux avocats pour leur permettre de mieux connaître les tenants et aboutissants du dossier.
Au tribunal, une belle surprise attendait la famille d’El Baladi
«En arrivant à la cour d’appel, la famille El Baladi ne s’attendait pas à voir onze avocats prêts à défendre leur fils, de surcroit gratuitement, et des membres de la société civile venus les soutenir», nous rapporte Mohamed Oulad Ayad, le président de l’AMDH de la région de Fès. «C’étaient des moments de joie. La mère de Mohamed El Baladi était en larme. N’oublions que nous sommes en face d’une famille très pauvre qui vit dans une région éloignée des grands centres urbains et a souffert du mépris de son entourage le plus proche», ajoute-il.
Cette sollicitude de la défense et des ONG s’est poursuivie en dehors du tribunal. «Nous avons tenu à accompagner El Baladi et sa petite famille jusqu’à la gare routière de Fès. Une mesure de précaution afin de lui épargner toute mauvaise surprise sur le chemin du retour. Sachant qu’en prison, il a été tabassé par des détenus à cause de sa religion», rappelle Mohamed Oulad Ayad.
Quant au moral d’El Baladi, notre interlocuteur nous assure que le converti au christianisme «commence à assimiler le choc», ajoutant qu'il a eu en face de lui «quelqu’un de très modeste et de très poli».
L’audience du 26 décembre, verra, sans aucun doute, l'entrée dans le vif du dossier par la cour d'appel de Fès. Une juridiction qui jouit du respect de notre interlocuteur. Et pour cause, «dès la première séance, elle a accordé la liberté provisoire à Mohamed El Baladi. Ce qui n’était pas le cas, malheureusement avec le tribunal de première instance de Taounate», conclut-il.