La justice espagnole a répondu favorablement à la requête du Marocain Mohamed Mrabet. Les deux agents de la Guardia civil espagnole qu’il accuse de torture, seront bel et bien poursuivis devant un tribunal, rapporte le journal El Pais ce jeudi 3 octobre. Les magistrats espagnols ont considérés que les deux agents «pourraient avoir exercé des pressions psychologiques pour obtenir des aveux ou des informations».
Ce Marocain de 44 ans, originaire de Tanger, avait été arrêté en 2006, avec quatre autres accusés, au cours d’une opération policière baptisée «Chacal» par les autorités espagnoles. Il avait par la suite été condamné à 7 ans de prison pour sa présumée appartenance à une cellule islamiste qui envoyait des jihadistes en Irak depuis la ville de Vilanova i la Geltrú, en Catalogne, avant d’être acquitté en 2011, faute de preuves.
Aujourd’hui, il revient à la charge et accuse les deux agents de la Guardi civil de lui avoir fait subir de mauvais traitements durant les premières 72 heures de son arrestation.
Torture et humiliation ?
Selon le récit de Mrabet, les deux intéressés l’avaient alors «obligé à rester debout durant sa détention, et le forçaient aussi à faire des pompes». Durant la nuit, les agents auraient également frappé à plusieurs reprises la porte de sa cellule «pour l’empêcher de dormir». Ces derniers se seraient également moqués de l’islam en sa présence et l’auraient menacé «de renvoyer sa femme et ses enfants dans leur pays d’origine», le Maroc en l’occurrence.
L’affaire n’est en tout cas pas une nouveauté. En 2009 déjà, Amnesty International dénonçait les conditions de détention du Marocain. Selon un communiqué de l'ONG «Mohamed et plusieurs autres ont déclaré à Amnesty International qu’ils ont été soumis à la torture et autres mauvais traitements pendant leur détention incommunicando (ndlr : Interdiction de communiquer avec le monde extérieur), en ce compris des exercices forcés».
Parmi les mauvais traitements qu’il aurait subi, l’association cite notamment «la privation de sommeil, l’exposition au froid, les yeux bandés, la prise de drogues hallucinogènes, les humiliations de nature sexuelle, les coups, l’asphyxie, les menaces de violence, les menaces, y compris les menaces de violence sexuelle, à l’encontre de membres de leur famille, des insultes racistes et islamophobes, des insultes et des actes d’intimidation, et l’interdiction de se laver». Qu'en sera-t-il alors du verdict de la justice espagnole ? On en saura certainement plus dans les prochaines semaines.