Tout le monde aime se moquer de Sina, mais personne ne peut s’en passer. De quoi est-elle le symptôme ? De ce Maroc muet qui n’a guère accès aux plateaux de télé ? De ces post-adolescents qui avant de se ronger les sangs pour leur avenir veulent prolonger l’insouciance et la candeur ? Ou n’est-elle que l’ultime avatar de ces bimbos que les réseaux sociaux font la reine d’un jour et la "pouf" de demain ?

Peu importe que son discours soit creux, inintéressant, qu'elle n'ait aucune légitimité et qu'elle n'apporte rien ou presque. Non, ce qui compte vraiment - et c'est là où les Athéniens s'atteignent- c'est qu'elle est médiatiquement "banquable".

Le règne du néant

Je ne veux pas ici crucifier Sina, je veux juste dire qu'elle est le symptôme d'un cancer médiatique généralisé. Un monde où la facilité a remplacé la réflexion, où la question n'est plus "quelle importance va nous apporter l'invité ?" mais "quel buzz celui-ci va faire ?".

Aujourd'hui, pour devenir médiatiquement audible/visible, il suffit de dire des inepties plus grosses que vous. Les réseaux sociaux se sont transformés en moutons de Panurge dans un cercle vicieux qui s'auto-nourrit : la célébration perpétuelle du vide. Le fond de votre discours ne compte pas ou peu. Faites du bruit, ça suffira.

Ouf ! Sa disparition est pour bientôt. Car Sina ne représentent rien. Elle n'a aucun talent particulier sinon celui d'être un monstre médiatique. Elle nourrit seulement le compteur "like" des pages facebook shootées sur un mur bleu. Mais elles n'apportent rien. Strictement rien. Elle n'est qu'écume et bruit médiatique.

Tous responsables ?

Au fond, la vraie question c'est celle des médias qui continuent à parler d'elle ou à diffuser sa vidéo comme on presse un bouton. Savent-ils qu'ils ont une responsabilité dans cette histoire ? Qu'à force d'inviter des coquilles vides, ils appauvrissent les débats et leurs émissions ? Qu'ils donnent au Maroc entier, et surtout aux plus jeunes une image déplorable ? Que l'on peut faire, dire n'importe quoi et devenir célèbre en diffusant une vidéo sur le net ?

Au-delà, cela pose la question de notre responsabilité, nous, tweetos, citoyens. Pourquoi continuons-nous à donner écho à une telle médiocrité ? Pourquoi oublions-nous de réfléchir ? Sommes-nous tous prisonniers de ces jeux du cirque médiatique quotidiens ? Le débat est ouvert !