Tramway de Casablanca : Près de 100 millions de dirhams de recettes mais encore des défis à relever

Voilà 10 mois que le tramway roule sur la ville de Casablanca. Le moment de procéder à un bilan d’étape. Durant cet intervalle, plus de 98 millions de dirhams de recettes ont été générés par ce moyen de transport, d’après des données fournies, hier mercredi, par le directeur de Casa Transport, Youssef Drais, en marge d’un point de presse. «Tous les indicateurs d’exploitation de la première ligne de tramway de Casablanca sont positifs et nous continuons de travailler pour l’amélioration de la qualité de service», a-t-il précisé. A l’en croire, le tramway a parcouru plus de 1,700 million de kilomètres, ce qui donne une moyenne de 9 000 km par jour.

Concernant les fréquences de passage, elles sont de cinq minutes pour le tronçon commun de Sidi Moumen - Anoual et de dix pour les branches. Pour la vitesse commerciale, elle a atteint les 18,5 km et la durée du trajet d’un terminus à l’autre est de 69 minutes. Ces chiffres donnent certes satisfaction, mais, la société le sait bien, des améliorations s’imposent afin de booster le nombre de voyageurs et d’atteindre les objectifs fixés à terme. Pour y arriver, nul doute qu’elle a du pain sur la planche.

Seulement 80 000 voyageurs par jour actuellement

Alors que le déficit incluant le coût de réalisation du projet du tramway de Casablanca avoisine les 140 millions de dirhams, le promoteur du projet le juge néanmoins «positif». Lors de sa mise en service, Casa Transport tablait sur 250 000 voyageurs par jour en 2015. Au vu des chiffres actuels, cette projection semble difficilement atteignable. Pour preuve, ce sont seulement 80 000 voyageurs qui empruntent le tram quotidiennement à ce jour, soit un peu moins du tiers de l’objectif fixé d’ici deux ans. Si le directeur de la société Casa Transport se veut optimiste, il est clair que la viabilité commerciale du tramway reste encore à prouver.

De mai à juillet dernier, le nombre de voyageurs utilisant le tram s’est amélioré, se situant même au dessus des deux millions mensuellement. A très court terme, l’objectif est d’arriver à transporter  100 000 voyageurs d’ici la fin de l’année 2013, soit un surplus de 20 000 voyageurs en trois mois. Le pari semble ambitieux mais pas impossible !

Accroître les abonnements auprès des étudiants et entreprises

Tout compte fait, la société a d’ores et déjà adopté une stratégie. De nouvelles opérations de communication ont été entreprises. Selon Casa Transport, les abonnements hebdomadaires, mensuels et des étudiants lancés en février 2012, représentent 15% des voyageurs, soit 8 000 abonnements actifs, un chiffre encore en dessous des attentes. Pour le booster, un plan d’action a été lancé afin de cibler les entreprises, les étudiants et le grand public. Un pari des plus raisonnables sachant que ces trois composantes constituent les usagers habituels de ce moyen de transport.

134 accidents et 5 morts en 10 mois

Avec la rentrée scolaire, un nouveau coup d’accélérateur pourrait être donné aux abonnements par les étudiants. Sauf que, le point noir qui constitue une menace essentielle à la pérennité du tramway reste les accidents. Durant les premiers dix mois de mise en service, 5 morts ont été notés, au moment où 134 accidents impliquant ce moyen de transport ont été enregistrés, soit une moyenne de plus de 10 accidents par mois. Sur le seul mois d’août, 14 accidents se sont produits, dont deux mortels.

Selon Youssef Draiss, ces accidents surviennent à 80% dans les carrefours où les automobilistes, conducteurs de deux roues et piétons ne respectent pas la signalisation. Pourtant,  le personnel de Casa Tram effectue régulièrement des opérations de maintenance pour vérifier le bon fonctionnement des équipements. Mieux, plus de 200 agents se placent dans les stations pour assurer la sécurité des voyageurs.

Nouvelles lignes de tramway, métro aérien et RER

Le lancement de la première ligne a certes permis de desservir de nombreux quartiers. Sauf que, cette couverture reste insuffisante au vu de la population casablancaise. Pour pallier à ces insuffisances et arriver à une plus grande couverture, «tout un réseau complet de transport avec trois autres lignes de Tramway, une de RER et une autre de métro doit être réalisé», indique la société. Cela permettra de «mailler la zone dense et les extensions urbaines» d’après le président du conseil de la ville, Mohamed Sajid.

D’une longueur de 157 kilomètres, ce réseau sera également doté d’un métro aérien long de 15km. Aussi, il devrait être composé du RER qui reliera sur 57 km Mohammedia et l’aéroport Mohamed V en passant par le centre de Casablanca avec notamment une partie souterraine de 9km entre Casa Port et Casa Sud. Quant au métro aérien dont l’étude a été lancée en 2012, il permettra de desservir des quartiers densément peuplés comme Moulay Rachid, Sidi Othmane, Sbata, Derb Soltane, Maarif et Bourgogne. Il couvrirait alors une population de deux millions d’habitants et pourrait arriver à un trafic de 400.000 voyageurs par jour.

Selon Sajid, la préférence pour ce type de transport est due au fait qu’il coûtera moins cher (8 milliards de dirhams) qu’un métro souterrain dont le coût avoisine le milliard de dirhams par kilomètres. A en croire Sajid, les dossiers techniques de ce moyen de transport devraient être disponible en avril 2014. Suivront alors les appels d’offre alors que la mise en service prévisionnelle sera vers la fin 2018.