Alors qu’il est actuellement détenu par la police judiciaire de Casablanca, Ali Anouzla, reçoit des soutiens de toutes parts, notamment de grandes ONG qui demandent la libération du journaliste «réputé pour ses positions critiques à l’égard du gouvernement».
Reporters sans frontières s’est montré ferme d'ailleurs. «Nous exigeons qu’Ali Anouzla soit libéré immédiatement, il a publié un lien vers cette vidéo dans un but purement informatif. Il est inadmissible qu'un journaliste soit condamné pour ses reportages et que les ordinateurs de la rédaction Lakome soient confisqués», a martelé RSF dans un communiqué. L’organisation se dit «attentive» en cas de poursuites contre le journaliste pour que «l'investigation respecte scrupuleusement les principes d'une enquête indépendante dans une affaire où la liberté d'expression est clairement mise en cause».
De son côté, Amnesty International, y a mis du sien. L’association craint que qu'Ali Anouzla «soit puni pour l'indépendance éditoriale de Lakome et sa critique des politiques gouvernementales, ce qui apparaît comme un recul préoccupant de la liberté d'expression au Maroc». Pour Philip Luther, Directeur du programme MENA à Amnesty International, Anouzla est un «prisonnier d’opinion et il devrait être relâché immédiatement et sans conditions». «La perspective de voir Ali Anouzla faire face à un procès inéquitable sur des charges de terrorisme, est extrêmement préoccupante et devrait avoir un effet paralysant sur la libre expression au Maroc», a expliqué Luther.
Pour sa part, Human Rights Watch a appelé les autorités marocaines à libérer le journaliste «à moins d'avoir la preuve que l'article mis en cause constituait une incitation à la violence imminente.» «Ali Anouzla comme d’autres journalistes dans le monde, estime que son travail consiste à informer et rapporter ce que Al-Qaïda et ses affiliés disent et font», s’est insurgé le directeur par intérim de l’ONG au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, Joe Stork. «Lorsque les autorités confondent informer et soutien, cela peut décourager les autres journalistes qui rendent compte de ces mouvements légitimes», a t-il ajouté.
Manifestations à Rabat cet après midi
Selon l’AFP, entre 100 et 150 personnes se sont mobilisées hier à Casablanca pour exiger la libération immédiate du journaliste. Parmi elles, des militants des droits de l’homme, des journalistes et des activistes du mouvement «20 février». Plusieurs slogans ont été scandés par la foule : «Liberté pour Ali Anouzla», «arrestation abusive», «vive le peuple». Des responsables politiques comme Hamid Chabat et Mohand Laenser ont été également critiqués. Le ministre de la justice, Mustapha Ramid, et celui de l’information, Mustapha Khalfi, comme le conseiller du roi, Fouad Ali Himma, n’on pas été épargnés. De même pour le président du Syndicat National de la presse marocaine (SNPM), Younès Moujahid, qui n'a pas soutenu le journaliste.
Cet après midi, une autre manifestation aura lieu dans la capitale marocaine, Rabat. Un des avocats du détenu, Me Naïma Guellaf, a indiqué ne pas avoir obtenu l'autorisation de rencontrer son client avant vendredi, d’après AFP. Anouzla pourrait être poursuivi dans le cadre de la loi anti terroriste. L'affaire a également provoqué une guerre acharnée entre les membres de la Ligue Marocaine des Droits de l'Homme, une organisation appartenant à l'Istiqlal.
Sit-in de soutien à Ali Anouzla à Casablanca