Le retour de la langue française dans les programmes scientifiques dans l’enseignement au Maroc, n’est pas pour demain. Hier après-midi, le ministère de l'Education nationale, via une mise au point très brève et assez directe, vient de couper court à certains informations, de plus en plus insistantes, notamment après le discours royal du 20 août, annonçant une telle possibilité. La langue arabe a, donc, encore une année supplémentaire devant elle dans les écoles, collèges et lycées publiques.
L’arabisation, une aberration
Au Maroc, la politique d’arabisation prônée, depuis la moitié des années 80, s’est révélée être un échec cuisant. Et pour cause, dans le primaire et le secondaire, l’élève apprend les matières scientifiques en arabe et une fois à l’université, il est contraint de poursuivre ses études supérieures en mathématiques, physique, médecine, pharmacie, biologie ou encore dans les écoles d'ingénieurs en français.
Un choc pour de nombreux étudiants qui jettent l’éponge dès leur première année universitaire ou se rabattent sur le Droit. Une anomalie typiquement de chez-nous que le roi Mohammed VI a, d’ailleurs, relevée, dans son discours du 20 août dernier, l’intégrant dans la liste des «écueils» de l’enseignement au Maroc.
Un enjeu politique pour panarabistes et islamistes
Il faut dire que la décision du ministre Mohamed El Ouafa n'est guère une surprise. En dépit de son expulsion par Hamid Chabat des rangs de l’Istiqlal, pour avoir refusé de démissionner du gouvernement Benkirane, il demeure un enfant du parti de la Balance. Une formation qui milite, du moins publiquement, pour que la langue arabe soit enseignée dans tout le cursus scolaire, même à l’université. Bien entendu, ce militantisme linguistique est valable exclusivement pour les enfants du peuple. Sous le gouvernement El Fassi, nombreux étaient, en effet, les ministres istiqlaliens qui avaient des difficultés à présenter un exposé en arabe devant les députés. C'est logique, après les missions étrangères au Maroc, ils ont suivi leurs études en France, au Canada, aux Etats-Unis ou même en Italie.
Mieux encore, l’arabisation dans le primaire et le secondaire a été décidée et menée par un gouvernement dirigé par un ancien membre de l’Istiqlal, Azzedine Laraki (1986-1992), décédé le 1er février 2010. Avant de décréter une telle politique, Laraki était ministre de l’Education nationale de 1977 à 1986. Son nom est très lié à l’échec du système éducatif au Maroc.
Actuellement, l’arabisation, au même titre, que l’islam est un enjeu politique pour des partis tels que le PJD et Istiqlal. Iislamistes et panarabistes sont ainsi opposés aux factions laïques et amazighes.