La normalisation avec l’Etat hébreu est l’un des sujets phares de la rentrée politique. Une fois de plus, les panarabistes montent au créneau pour dénoncer l’arrivée, fin août, au Maroc de ressortissants israéliens, bien qu'ils soient d’origine marocaine.
Figure parmi eux des étudiants (dont le nombre s'élève à 18) et des universitaires. Un déplacement au cours duquel, ils ont visité Rabat, Marrakech, Fès, Casablanca et Tinghir. Ils se sont également entretenu avec des représentants d’associations amazighes et des membres de l’IRCAM (Institut royal de la culture amazigh du Maroc, officiel) ainsi que le réalisateur Kamal Hachkar. Le premier coup de salve a été tiré par la «Coordination nationale de l’initiative estudiantine».
«Des soldats de réserve au Maroc»
Dans un communiqué publié mercredi, elle se dit «consternée» par «le silence suspect» des autorités à la venue au royaume de «sionistes soldats de réserves dans notre cher pays». En Israël, tous les citoyens de confession juive, à l’exception des religieux, une fois qu’ils passent leur service militaire obligatoire, sont considérés de facto comme des «soldats ou des officiers de réserves». En vue de barrer la route à toute tentative de normalisation avec Israël, la Coordination a appelé le parlement à adopter, «dans les plus brefs délais», la loi incriminant ce genre d’initiative. Une proposition de loi a été, en ce sens, élaborée il y a quelques mois par l’ «Observatoire marocain contre la normalisation».
Au parlement, elle compte déjà le soutien de quatre formations politiques : PJD, PPS, Istiqlal et USFP. Mais il lui manque le cadre juridique pour qu’elle puisse passer la porte de l’hémicycle : la loi organique permettant aux associations et aux citoyens de présenter des propositions de loi n’est pas encore finalisée. Le ministère des Relations avec le parlement et la société civile, dirigé par Habib Choubani, chargé de cette mission, ne montre guère d'enthousiasme pour accélérer les choses.
Lorsque le roi décore des Israéliens, silence de Soufiani & Co
Outre la protestation de la «Coordination nationale de l’initiative estudiantine», l’ «Observatoire marocain contre la normalisation», une entité réunissant des panarabistes avec le soutien timoré de quelques islamistes, a exprimé la même position hostile à la venue au Maroc d’Israéliens. Cette rapidité à dénoncer ce genre d’initiative tranche complètement avec le silence qu’ils adoptent lorsque le roi Mohammed VI décore, à l’occasion de fêtes nationales, des personnalités israéliennes ou de confession juive, comme c’était le cas lors de la Fête du trône. De la même façon, ils se sont montrés peu volubiles lorsque le PJD a reçu, lors du 7ième congrès, en juillet 2012, le chercheur israélien Ofer Bronschtein.
Le même silence avait été adopté lors de Conférence diplomatique pour la conclusion d’un traité visant à faciliter l’accès des déficients visuels et des personnes ayant des difficultés de lecture des textes imprimés aux œuvres publiées, tenue en juin à Marrakech, marquée par la présence d’une délégation israélienne. Une rencontre placée sous la présidence du ministre de la Communication, le PJDiste Mustapha El Khalfi.