Désormais, l’Afrique est placée «au cœur de l’agenda diplomatique marocain», comme a indiqué le souverain dans un message adressé à la première réunion, tenue aujourd’hui au siège du ministère des Affaires étrangères, des ambassadeurs du Maroc dans les cinq continents.
Depuis l’année 2000, Rabat s’est orientée vers l’Afrique, notamment en renforçant d’une part ses liens avec les amis traditionnels du royaume, Sénégal, Gabon et Burkina Faso, et d’autre part en adoptant des positions favorables à l’intégrité territoriale du Mali face à l'avancée des groupes terroristes ou encore en soutenant l’actuel président de la Côte d’Ivoire Alassane Watara contre son rival Laurent Gbagbo, un allié du Polisario.
Priorité à la CEN-SAD
Fort de cet acquis, Mohammed VI a exhorté «la diplomatie à accompagner assidûment cette orientation, par le développement de nos relations bilatérales avec les pays subsahariens, par une contribution efficace aux actions de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens, CEN-SAD, notamment à la définition des nouvelles missions dévolues à ce rassemblement».
Entité composée de 28 Etats dont le Maroc, elle avait tenu son premier congrès, le 4 février 1998 à Tripoli. Après la chute du régime de Kadhafi, autrefois le principal bailleur de fond de cette organisation, Rabat a tenté de se positionner comme le nouveau leader en abritant une réunion, le 4 juin 2012, du comité exécutif de la CEN-SAD.
Un objectif exprimé clairement par le ministre des Affaires étrangères, Saâdeddine El Otmani. Dans des déclarations à la presse, il affirmait que le royaume «est bien placé pour jouer un rôle d'avant-garde au sein de cette organisation, en capitalisant sur les liens étroits tissés avec les pays membres et sur sa présence constante et résolue dans le continent».
Opportunité pour le Maroc
Le Maroc souhaite que la CEN-SAD soit un espace de libre-échange entre les 28 pays. Avant même la réunion de Rabat, le royaume est membre d’un comité ministériel restreint composé de huit membres, chargé de la révision des statuts de ce groupement.
Il est clair que la CEN-SAD offre au royaume une chance de consolider davantage sa présence sur le continent africain. Avec la disparition du régime de Kadhafi et la menace grandissante des mouvements terroristes sur la stabilité des Etats du Sahel, il a entre les mains une carte à jouer pour rattraper le retard qu’il accuse depuis son retrait, en 1984, de l’Organisation de l’unité africaine, l’ancêtre de l’Union africain, suite à l’admission de la "RASD".