Menu

Grand Angle

Le paradoxe du cinéma marocain : Plus de films pour moins de salles

Le programme Euromed Audivisuel met en lumière dans son rapport, publié en début de semaine, sur le cinéma au Maroc un paradoxe : le royaume n’a jamais produit autant de films, de toute son histoire, et au même moment ses salles de cinéma n’ont jamais été aussi désertes.

Publié
Depuis l'an dernier, le Maroc a perdu la moitié de ses écrans de cinéma. /DR jaoleitao.com/photodumaroc
Temps de lecture: 2'

Le nombre de films produits par le Maroc a augmenté de 70% entre 2004 et 2012 pour un investissement qui a quasiment été multiplié par deux ; sur la même période le nombre d’entrées a chuté de 70%. «En dépit du rôle prépondérant joué par l’État dans le développement de l’industrie cinématographique du pays, le cinéma marocain est dans une sorte de paradoxe : augmentation du nombre de films produits (dont un bon nombre obtient une reconnaissance internationale), face à une baisse forte et systématique des salles de cinéma», remarque le rapport Maroc du programme européen Euromed Audivisuel, publié lundi 16 août, dans le cadre du projet de collecte de données statistiques sur les marchés cinématographiques et audiovisuels dans 9 pays méditerranéens.

Porté à bout de bras par le Fonds d’aide à la production cinématographique, le cinéma marocain ne s’est jamais aussi bien porté. En 2012, ce fonds a investi 56 millions de dirhams dans 17 longs métrages. Un investissement record. Parallèlement, la disparition des salles de cinéma accompagne l’effondrement de leur fréquentation, depuis les années 80. En 1985, le Maroc comptait 247 cinémas. Leur nombre a régulièrement baissé pour atteindre 33, au premier semestre 2013. Depuis l’an dernier, le nombre de salles dans tout le pays a déjà été divisé par deux.

60% de taxe et de droits sur les billets

En cause, selon les exploitants, les différentes taxes et droits qui ne leur laissent que 40% de leur chiffre d’affaires. Celui-ci a toutefois tendance à se stabiliser voire à se redresser depuis plusieurs années. Il ne permettrait toutefois pas aux propriétaires de cinéma de rénover leurs salles et plus encore de les mettre à l’heure du numérique. Selon le rapport, le retard accumulé dans la modernisation, suite notamment à l’encadrement du prix du billet par l’Etat jusque dans les années 80, est difficile à rattraper. Vieillots et de mauvaise qualité, les cinémas n’attirent pas le public.

La désaffection des salles au Maroc appartient cependant à un phénomène plus large qui dépasse ses frontières. «L’apparition des chaînes satellites, dans les années 90, a eu le même effet sur l’ensemble des cinémas du monde arabe», souligne Sahar Ali, auteur du rapport et de ceux de plusieurs autres pays arabes. Selon l’étude menée par le cabinet Valyans, la concurrence des films diffusés par les chaînes satellite est effectivement la première cause de désintérêt pour les cinémas. Vient ensuite la multiplication des DVD piratés. «Selon l’Office des changes, 50 millions de DVD vierges entrent chaque année au Maroc en provenance de Chine», indique le rapport.

L'exploitation abandonnée par l'Etat

Face aux difficultés financières et à l’abandon des spectateurs, l’Etat n’aurait pas été à la hauteur. Alors qu’il soutient, à lui seul, l’ensemble de la production cinématographique nationale par l’entremise du CCM, les exploitants privés semblent avoir été longtemps oubliés. Si aujourd’hui, 50% du Fonds d’aide à la production cinématographique est sensée aller à l’exploitation, l’efficacité du fonds est toujours mesurée en fonction du nombre de films marocains produits.

Quelques petites mesures de soutien à l’exploitation ont toutefois été prises ces deux dernières années. Le CCM, notamment, aide financièrement les exploitants qui veulent numériser leurs salles. Cependant, la décision du gouvernement de remplacer les taxes parafiscales sur les recettes par une TVA à 20% a mis en colère les professionnels car elle a tendance à augmenter plutôt qu’à baisser les prélèvements.

Fims marocans
Auteur : al-malik
Date : le 31 août 2013 à 13h43

Des metteurs en seine bidons
Des films dramatiques bidons tout simplement
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com