Corruption, abus, harcèlement : Plus de 300 plaintes contre les consulats du Maroc en Belgique

Corruption, abus de différentes formes et même des harcèlements sexuelles... Voilà ce à quoi les MRE de Belgique sont souvent confrontés lors de leurs visites dans les consulats du Maroc, a révélé au journal belge La Capitale, le vice-président de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) en Belgique, Lhoussaine Ouachen. « Certains ont un passe-droit grâce à leur entourage bien placé. Ou bien un employé harcèle sexuellement une femme sous prétexte d’accélérer ses démarches».

Il relève également la pratique anarchique des frais de dossiers et procédures. «Pour un passeport, il fallait compter entre 65 à 68 euros selon le taux de change. Le montant est descendu à 55 euros il y a quelque mois. Pourquoi cette différence et qui l’empochait ? ».

«Ces plaintes sont sur base de pétitions signées, il y a un peu plus de six mois, par plus de 300 personnes qui ont révélé leur identité (Nom, prénom, CIN, …)», explique le responsable associatif, joint par Yabiladi vendredi en fin de matinée.

«Une fois la pétition bouclée, nous avons voyagé dans les villes belges abritant nos consulats et y avons sondé les Marocains, pour vérifier la véridicité des plaintes. Nous n’avons eu des confirmations», raconte M. Ouachen. Sur ces bases, l’AMDH a envoyé une lettre «à l’Ambassadeur, à quelques ministères dont celui des Affaires étrangères et la Justice, …». L’Association «détient les preuves de son action. Nous avons les recommandés de ces différents envois», affirme le responsable, soulignant que le but était d' «ouvrir le dialogue afin d'obtenir plus de clarté quant aux plaintes reprises dans la pétition, afin de cibler les problèmes rencontrés par les MRE dans les différents bureaux consulaires du royaume en Belgique».

L’Ambassade nie en bloc

L’Ambassade du Maroc nie en bloc. «Jusqu’à présent, l’Ambassade n’a reçu aucune plainte. S’il y avait effectivement des plaintes, nous les aurions au moins reçu», assure à Yabiladi un agent diplomatique qui refuse de révéler son identité. «Les gens s’adresse à la presse, cela ne veut pas forcément dire qu’ils ont raison», lance-t-il. Ce sont des propos similaires qu’a tenus l’ambassade devant la presse belge, estimant ses employés «exemplaires bien qu’ils soient souvent traités comme des chiens par les visiteurs. Le travail de nos consulats est extrêmement contrôlé par les consuls eux-mêmes. S’il y avait une mauvaise gestion, cela serait sanctionné directement.»

Pourtant l’AMDH n’est pas la seule à évoquer les écarts des agents consulaires. Khalil Zeguendi, rédacteur en chef du Maroxellois et membre très actif au sein de la communauté MRE de Belgique en sait quelque chose. «Tout cela est vrai», nous dit-il, rappelant une affaire qui aurait éclaté au Consulat de Bruxelles en mars dernier. «Il y a avait deux boutiques en face du consulat qui travaillaient de connivence avec des agents consulaires. Les Marocains devaient toujours photocopier un nombre interminable de papiers», relate l’homme soulignant que «les agents avaient tellement abusé que les plaintes ont abouti au rapatriement au Maroc de trois agents». «Même le consul avait avoué», lance-t-il avec certitude.

Chose curieuse cependant, l’Ambassade a catégoriquement refusé d’évoquer ce cas avec nous, alors que nous cherchions à clarifier la cause du départ subite des trois agents consulaires. «Je ne peux pas vous le dire, parce qu’il y a un service qui s’occupe des affaires des MRE. S’il y a des plaintes, que les gens s’adressent à l’Ambassade …», tranche notre interlocuteur avant de nous raccrocher au nez. Le Consulat du Maroc à Bruxelles est, quant à lui, resté injoignable.

«Nous allons prouver le contraire»

L’AMDH Belgique se dit outrée par les réponses de la diplomatie marocaine. «Tout ce que dit l’Ambassade est totalement faux, et nous allons le prouver», déclare M. Ouachen. «Ils nous ont dit que nous ne sommes pas un intermédiaire fiable. Je trouve dommage que nos représentants soient autant fermés à la discussion», regrette-t-il.

Pour ce militant associatif, le plus important est que les droits des MRE de Belgique soient respectés. Et de conclure : «c’est ça le plus important».

Une copie de la lettre envoyée par l'AMDH à M. L'Ambassadeur