Maroc Telecom affiche des résultats positifs avant la vente des parts de Vivendi

35 183 000 clients chez Maroc Telecom, c’est le premier chiffre affiché par Abdeslam Ahizoune, président du directoire. En croissance de 12,5% comparé à juin 2012, ce premier indicateur équivalent peu ou prou à la population marocaine regroupe en réalité les clients du groupe dans les 5 pays où il est présent : Maroc, Mauritanie, Mali, Burkina Faso et Gabon. Pour le royaume chérifien, la croissance du nombre de clients (18 049 000 au lieu de 17 385 000 en juin 2012) reste positive bien qu’elle soit d’une ampleur plus modeste (+3,8%).

Le marché marocain plus mature et fortement concurrentiel explique cette différence. Abdeslam Ahizoune ne s’en cache pas d’ailleurs. Face à la baisse des prix et la concurrence acharnée de Meditel et Inwi, maintenir sa part de marché devient le principal challenge pour un opérateur historique. Cette nouvelle physionomie du marché depuis au moins 2 ans se lit également dans les résultats financiers de Maroc Telecom. Le chiffre d’affaire au Maroc a baissé de 8,1% à 10,909 milliards de dirhams.  La bonne santé des filiales (CA en hausse de 9,1%) ne permet pas au groupe d’afficher une croissance de son chiffre d’affaire global (-4,6% à 14,468 Md dh).

Résultats en ligne avec les prévisions

Sur le volet de la rentabilité par contre tous les indicateurs sont au vert. L’EBITDA affiche une hausse de 3 points à 58,1% pour le groupe. Le résultat net du groupe atteint fin juin 2013,  3,521 milliards de dirhams, en hausse de 12,6%. Cette bonne santé financière affichée à été permise «grâce à la croissance des filiales et aux importants efforts de maîtrise des coûts avec, notamment, l’impact des plans de départs volontaires réalisés au 2ème semestre 2012» indique Maroc Telecom dans son communiqué de presse.

Ces économies n’ont cependant pas touché l’investissement important en cours sur la partie infrastructure de l’opérateur historique au Maroc avec notamment les programmes de modernisation des réseaux hauts débits Fixe et Mobile au Maroc. Sur les 10 milliards de dh du plan d’investissements (2013-2015) signé avec l’Etat, 3 ont déjà été engagés au 1^er semestre 2013. Maroc Telecom mise gros pour préparer l’avenir avec des réseaux très haut débit.

Abdeslam Ahizoune a notamment mis en exergue le déploiement de la fibre optique dans les principales grandes villes (Rabat, Casablanca, Marrakech, Fès, Tanger, Agadir). Une offre est d’ores et déjà disponible dans le catalogue bien qu’il n’y ait que très peu de communication à ce sujet. Sur le volet mobile, Maroc Telecom veut être immédiatement prêt pour la 4G, dès que les licences seront attribuées par le gouvernement.

Quid de Vivendi et Etisalat ?

Des résultats et des ambitions qui sont donc des plus prometteurs, mais pas assez pour éclipser l’actualité importante de la semaine : l’ouverture de négociations exclusives entre Vivendi et Etisalat pour le rachat de 53% du capital de l’opérateur historique marocain. Le président du directoire de Maroc Telecom a été assailli de questions sur le déroulé des négociations, l’identité des membres du consortium marocain, le futur de Maroc Telecom avec la prise de contrôle par l’opérateur émirati…

Abdeslam Ahizoune, en bon équilibriste, a répondu à toutes les questions sans pour autant trop en dire. Sur la délicate question du prix de vente jugé relativement faible par certains analystes (4,2 milliards d'euros soit 92,6 dh l'action), il a d’abord botté en touche en expliquant que Maroc Telecom n’était ni l’acheteur, ni le vendeur et qu’il n’avait pas vraiment d’avis à donner sur ce point. Mais face à la ténacité des journalistes présent dans la salle, il lâchera tout de même : «Si vous voulez savoir si je trouve le prix de vente à la hauteur de ce que vaut Maroc Telecom aujourd’hui, je vous dirais non !».

Mais pour autant le président du directoire affiche un certain enthousiasme quant à la perspective de passer sous le giron du groupe émirati. «Nous connaissons très bien Etisalat, et ils nous connaissent très bien» a-t-il tenu à souligner. Et d’ajouter qu’ «il existe une réelle complémentarité entre les deux entreprises», notamment en ce qui concerne leurs présences respectives sur le marché africain. Abdeslam Ahizoune finira par lancer un vœu ambitieux : «Maroc Telecom  pourrait, pourquoi pas, gérer les actifs africains d’Etisalat».