Un million de dh de dédommagement. C’est le montant qu’a demandé, hier, le ministre des Relations avec le parlement et la société civile lors de la 5ième audience du procès qui l’oppose au quotidien El Khabar. Une affaire qui se déroule au tribunal de première instance de Rabat. Habib Choubani a porté plainte contre le journal arabophone, propriété du milliardaire Abdehadi Alami, membre du RNI mais en rupture de ban avec Mezouar, pour avoir publié une information que le PJDiste juge «diffamatoire et attentatoire à son honneur et à sa réputation en tant que responsable gouvernemental».
En effet, dans une précédente édition datant de fin novembre 2012, El Khabar a accusé ouvertement Choubani d’avoir accordé des places, initialement destinées aux fonctionnaires de son département, pour le haj de cette année à des membres du MUR (Mouvement unicité et réforme), la matrice du PJD. En dépit du démenti de Choubani, le journal est resté ferme sur ses accusations en publiant un autre article sur le sujet.
Auparavant le ministre demandait un dirham symbolique
Le nouveau montant exigé par Habib Choubani a constitué la surprise de ce procès. Sachant que la défense du ministre a réclamé, tout au début de l'affaire, en guise de dédommagement, le paiement d’un dirham symbolique. C’est la même somme qu’avait exigée le prince Moulay Hicham du député, et membre du bureau politique de l’USFP, Abdelahadi Khairat, pour une affaire de diffamation.
Dans des déclarations au site Lakome, sous couvert d’anonymat une source proche du ministre des Relations avec le parlement et la société civile justifie le revirement de Choubani par sa volonté de «corriger» le quotidien El Khabar pour sa ligne éditoriale, jugée hostile aux PJDistes du gouvernement Benkirane. La semaine dernière, le journal arabophone avait révélé que le juge de Midelt, très connu au Maroc pour avoir contraint un jeune mécanicien à lui embrasser ses chaussures, a été muté à Essaouira.
Se faisant l’avocat de Choubani, la même source avance que le ministre est déterminé à ne pas encaisser le montant du dédommagement, préférant verser la totalité, à une ONG.
Avant le procès Choubani-El Khabar, il y avait Amara-Al Aan
En une année et sept mois du gouvernement Benkirane, Choubani est le deuxième ministre PJDiste qui poursuit une publication marocaine. Avant lui, il y avait Abdelakader Amara qui a porté plainte, en juin 2012, contre l’hebdomadaire Al Aan. Le magazine avait accusé le ministre du Commerce extérieur et de l’Industrie d'avoir organiser dans la suite d'un hôtel de la capitale de Burkina Fasso un «dîner fastueux facturé à un million de centimes» au cours duquel du champagne aurait été servi.
En juin 2013, le tribunal de première instance de Casablanca condamnait le directeur d’Al Aan, Youssef Jajili, à deux mois de prison avec sursis et à payer une amende de 50.000 dh. Et pourtant Abdelkader Amara avait demandé, seulement, un dirham symbolique.