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Grand Angle

Guantanamo : les Marocains Younès Chekkouri et Abdellatif Nasser bénéficieront-ils de la liberté provisoire ?

En 2008, le candidat démocrate à la Maison blanche, Barack Obama, promettait la fermeture de Guantanamo. Une fois investi, la raison d’Etat a pris le dessus sur la promesse d’une campagne électorale. Le 18 juillet 2013, Washington fait part de sa volonté d' accorder la liberté provisoire à 71 détenus. Une annonce qui suscite des interrogations tant qu’elle est entourée de zones d’ombres.

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A défaut d’une fermeture totale de la prison de Guantanamo, l’administration Obama se dit prête à accorder la liberté provisoire à 71 des 166 détenus. C’est le Pentagone qui supervise cette opération au terme de laquelle toute personne identifiée comme une «menace» pour la sécurité des Etats-Unis sera automatiquement recalée.

Selon le site du quotidien The Miami Herald, le département de la Défense a envoyé, dès le vendredi, des mails aux avocats des prisonniers, informant du début des préparatifs pour la tenue des commissions d'examens des demandes de libération.  

Ni la date ni le lieu des auditions ne sont encore annoncés

Le Pentagone refuse de communiquer la date des futures audiences, liant la tenue d’une telle perspective à «la réunion de conditions». Lesquelles ? Là aussi, aucune réponse. Face à ce mutisme, le Comité international de la Croix-Rouge a exhorté le président Barack Obama à intervenir afin d’annoncer une date, indique la même source.

Les candidats à la liberté provisoire sont répartis en deux groupes : le premier concerne 46 prisonniers classés, en 2010 par un groupe de travail, comme «détenus à durée indéterminée». Ils sont considérés comme trop dangereux pour être relaxés mais pour lesquels il n'y avait aucune preuve qui pourrait justifier un procès criminel. Le deuxième groupe est composé de 25 captifs, pouvant être jugés devant des cours militaires ou civiles.  

Outre le problème de la date, il y a également celui du lieu des auditions. The Miami Herald s’interroge si des juges se déplaceront à Guantanamo pour entendre les détenus et leurs avocats ou ce sont eux qui feront le déplacement à Washington, au siège de la cour fédérale ?

Les Marocains Chekkouri et Nasser seront-il sur la liste?

Younès Chekkouri et Abdelatif Nasser, respectivement natif de Safi (1968) et de Casablanca (1965), sont les deux seuls Marocains qui croupissent encore à Guantanamo. Capturés par les forces américaines au Pakistan en 2002 et après un passage de quelques mois dans la prison de Kandahar en Afghanistan, ils ont été transférés à la base américaine en territoire cubain. Le cas Chekkouri est le plus médiatisé grâce, notamment, à la longue grève de la faim qu’il a mené en mai.

Ils sont environ onze marocains à avoir bénéficié, à différents intervalles, d'un transfert vers le Maroc. Le premier contingent avait concerné, en 2004, cinq personnes. Tout au long des neuf précédentes années, les Américains ont remis, progressivement, aux autorités de Rabat des prisonniers de Guantanamo. La dernière livraison remonte à mai 2008 avec l’arrivée de Said Boujaâdia à bord du même avion qui transportait Sami Al Haj, le célèbre caméraman d’Al Jazeera.

Quel avenir pour les 71 détenus de Guantanamo auxquels l’administration du président Barack Obama pense accorder la liberté provisoire ? Là aussi, c’est le flou le plus total. Resteraient-ils sur le territoire américain en attendant leurs jugements par des tribunaux locaux ? Où seraient-ils remis à leurs pays d’origine ? Et que fera Washington en cas du refus de certains pays d’accueillir leurs concitoyens ? Est-ce qu’il a des solutions de substitution ? Autant d’interrogations que suscitent une opération, apparemment mal engagée.  

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