Le nom de Said Fareh émerge du nouveau. Le 16 février, ce magistrat était le héros d’un scandale à Midelt. Du haut de son titre de substitut du procureur du tribunal de première instance de cette ville, il avait contraint un jeune mécanicien à lui embrasser les chaussures.
Une affaire, révélée par la victime, et qui avait suscité une levée de bouclier de la société civile, avec à la clé, des sit-in de protestations et des marches de réprobations du geste du juge. Presque cinq mois après cet incident, le juge est donc muté vers Essaouira où il exerce les mêmes fonctions. C’est le quotidien El Khabar, dans son édition d’aujourd’hui, qui révèle la destination du magistrat.
Et pourtant Ramid l’avait suspendu
Deux semaines après l’éclatement de cette affaire, le ministre de la Justice et des Libertés sort de sa réserve. Il ordonne au parquet de Meknès d’établir un rapport et décide la suspension du substitut du procureur du tribunal de première instance de Midelt. «Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) va ensuite poursuivre l'enquête et prendra une décision en conséquence», déclarait Mustapha Ramid à l’AFP.
Force est de constater que le CSM a été clément avec l’ancien juge de Midelt. D’aucuns pourraient avancer que les faits reprochés à Said Fareh ne sont pas si graves comparés au cas du magistrat de Oujda mis en cause dans une affaire de complicité de torture de sa petite bonne. En 2010, le CSM l'avait suspendu pendant deux ans.
Huit juges suspendus en 2012 pour corruption
Le cas de Midelt n’est pas sans rappeler d’autres cas plus graves où des magistrats étaient au centre de scandales. Eté 2003, Mounir Remmach, un trafiquant de drogue tombe entre les mains de la justice. Dans sa chute, il entraine avec lui des juges dont notamment trois présidents de chambres criminelles de la cour d’appel de Tétouan. L’affaire est largement médiatisée. Une année plus tard, les magistrats sont condamnés, en première instance, à des peines allant entre un an et deux ans de prison. Avril 2008, un revirement se produit, la cour d’appel de Tanger, accorde la libération des mis en cause.
En 2012, le Conseil supérieur de la magistrature a suspendu huit juges, impliqués dans des affaires de corruption, prononcé des sanctions à l'encontre de 44 magistrats et averti 650 membres du corps de la magistrature.