En France, l’heure est à la cacophonie chez les représentants du culte musulman. Ces derniers ne sont pas d’accord sur la date du premier jour du ramadan, fixée à l’avance au mardi 9 juillet, par le Conseil français du culte musulman (CFCM). L’instance, censée représenter tous les musulmans de France, n’arrive pas à se faire entendre par les mosquées de l’Hexagone, à leur tête celle de Paris qui vient de désavouer ouvertement sa décision.
Dans un communiqué relayé ce mardi matin par l’AFP, la commission théologique de la Mosquée de Paris affirme, en effet, que le premier jour du jeûne en France a été fixé à mercredi 10 juillet. «La vision de la nouvelle lune s’étant avérée impossible à établir ni en France ni dans les pays musulmans» dans la nuit de lundi à mardi, explique-t-on.
Désarroi
Dès lundi soir déjà, «l’ambiance était à la confusion» à la Mosquée de Paris, qui pour rappel est dirigée par Dalil Boubakeur depuis 1992, et nouvellement élu à la présidence du CFCM. D’autant plus que la majorité des pays musulmans, notamment l’Arabie saoudite, les pays du Golfe, les pays du Maghreb, la Belgique, ne commenceront le jeûne que mercredi.
«Les mosquées nous ont appelé hier jusqu’à 01h00 du matin, les imams étaient dans le désarroi», a fait savoir Djelloul Seddiki, responsable de la commission théologique de la Mosquée de Paris, interrogé par l’AFP. «Ils (Ndlr : Les dirigeants du CFCM) se sont trompés de calcul», a-t-il estimé. L’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM-93) voit également les choses du même œil. Celle-ci a tenu une réunion, lundi soir, à la mosquée Attaqwa d’Aulnay-sous-Bois, en concertation avec le Conseil régional du culte musulman d’Ile de France (CRCM IDF-Centre) et le Conseil des imams de France pour en découdre.
«Il a été décidé que le mardi 9 juillet correspond au 30e jour du mois de chaabane. (…) Il est donc annoncé que faute d’avoir pu voir le croissant de lune, comme le veut la tradition, le 1er jour de ramadan aura lieu le mercredi 10 juillet 2013», souligne le président de l’UAM-93, dans un communiqué.
Pour Boubaker, «c’est une leçon»
Le CFCM, lui, a préféré rester sur sa décision, réaffirmant lundi soir que le premier jour du ramadan a été «fixé au mardi 9 juillet 2013, conformément aux décisions prises lors du colloque du CFCM du 9 mai 2013». Son président Dalil Boubaker semble, toutefois, avoir retenu «la leçon». «Le calcul en théorie n’était pas faux, mais nous n’avons pas pris en compte la dimension communautaire, la communauté a décidé qu’elle suivait les pays musulmans», a-t-il reconnu, mardi, dans un entretien avec l’AFP.
Que les fidèles commencent le ramadan mardi ou mercredi, «les deux positions sont légales», a-t-il ajouté, soulignant que c’était «une leçon». «Le CFCM devra être conscient de cette difficulté, que l’avis de la communauté compte autant que l’avis scientifique». «L’année prochaine, nous nous y prendrons autrement», a-t-il assuré.
Outre la date du début du ramadan, celle de la fin du mois sacré a également été fixée à l’avance par le CFCM. Aïd El Fitr sera ainsi célébré, le 8 août en France. Une date qui risque, là encore, d’être ignorée par les musulmans de France.