La semaine dernière y a-t-il eu un mariage de deux homosexuels français à Essaouira ? Treize associations et sections de partis politiques et de syndicats disent oui alors que le ministère du Tourisme avance le contraire. Selon le département de Lahcen Haddad, il ne s’agit que d’une cérémonie organisée par des retraités qui ont choisi la ville marocaine pour célébrer cet événement. Même son de cloche auprès du Conseil régional du tourisme de Mogador.
Dans un communiqué, cette instance estime que cette «information irresponsable et non fondée est de nature à nuire à l’image de notre pays». Les deux versions sont, bien entendu, diamétralement opposées. En revanche, du côté des autorités locales, c’est le silence absolu. Jusqu’à présent, aucune réaction de la part des services qui sont au courant de tout ce qui se passe à Essaouira.
Un mariage selon la tradition marocaine ?
Pour une fois les quotidiens Assabah et Attajdid traitent cette information, presque, de la même manière. Le premier, classé opposant au gouvernement Benkirane, donne la parole à la présidente de la section du Centre marocain des droits de l’Homme (CMDH), proche du PJD. Khadija Labder affirme que l’information de ce supposé événement «est parvenue aux ONG grâce à des employés de l’hôtel», ajoutant que «90 invités venus de France et du Maroc» aurait assisté à la cérémonie. Laquelle intervient quelques jours après la légalisation du gouvernement Ayrault des mariages entre personnes du même sexe. Elle avance que «les deux homosexuels souhaitaient célébrer leur noces selon la tradition marocaine».
Une année après l’interdiction de l’escale du ferry de gays
Cette controverse sur ce mariage entre deux homosexuels intervient une année après l’interdiction, le 30 juin 2012, de l’escale au port de Casablanca d’un ferry transportant environ 2000 gays et lesbiennes. Elle coïncide, également, avec le constat, le 25 juin, de l’Assemblée du parlement du Conseil de l’Europe «que le code pénal sanctionne les relations sexuelles consensuelles entre personnes du même sexe par des peines allant de six mois à trois ans d’emprisonnement (article 489, ndlr)», du coup elle recommande aux députés et conseillers marocains «à initier l’abrogation de cette législation dès que possible».