Entre le Palais et le chef du gouvernement, les relations sont-elles au beau fixe ? La mise à l’écart d’Abdelilah Benkirane de la cérémonie, présidée par le roi Mohammed VI samedi à Jerada, de présentation de l'état d'avancement du cinquième programme de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) au niveau de tout le pays, lancé en 2011, laisse planer le doute. D’autant que de nombreux ministres du même cabinet, Nizar Baraka (Finances), Bassima Hakkaoui (Solidarité et Famille), Abdessamad Kayouh (Artisanat) et Aziz Rebbah (Transport et Equipement), ont écouté religieusement l’exposé de leur collègue de l’Intérieur, Mohand Laenser sur les réalisations de l’INDH.
Le roi à Jerada, Benkirane à Salé
Alors que le roi Mohammed VI était à Jerada, Abdelilah Benkirane présidait, dans son fief électoral de Salé, une autre cérémonie à savoir l’assemblée constituante de l’association des ingénieurs de la Lampe. Une réalisation très importante pour les frères de Benkirane, surtout que le mouvement Al Adl wal Ihssane de Abbadi, leur grand rival, est présent en force dans les instances de l’Union nationale des ingénieurs marocains (UNIM). En agissant de la sorte, le PJD marche sur les traces des Frères musulmans en Egypte. Le secrétaire général du PJD, en bon communicateur, n’a pas raté cette occasion qui s’est offerte à lui pour défendre le bilan de son gouvernement contre ses détracteurs et de s’interroger sur les parties, encore obscures pour lui, qui contrôlent les médias.
Abbas El Fassi et Driss Jettou supervisaient les réalisations de l’INDH
Dans son édition d’aujourd’hui, le quotidien Akhbar Al Yaoum, a expliqué que la mise à l’écart de Benkirane de la cérémonie de Jerada consacrée au bilan de l’INDH atteste de la volonté du Palais de garder ce programme exclusivement sous son autorité. Une explication contredite par les faits de l’actualité. Le 24 décembre 2007, c’est l’ancien premier ministre Abbas El Fassi (octobre 2007-janvier 2012) qui présidait, au siège de la primature, une réunion du comité stratégique de l’INDH au cours de laquelle, le budget alloué à l’INDH pour l’exercice 2008 a été doublé pour atteindre les 3 milliards de DH.
Son prédécesseur, Driss Jettou, était chargé, en 2005 et 2006, des lancements de plusieurs projets de l’INDH à travers tout le Maroc. Mieux encore, Jettou avait présenté devant le souverain, en août 2005, au palais royal de Tétouan, le plan d'action gouvernemental pour la mise en œuvre de l'Initiative.
Cette mise à l’écart serait-elle la conséquence des critiques du PJD à l’INDH ?
Le 24 mai dernier, quelques jours après la célébration du 8ième anniversaire du lancement de l’INDH, les députés du PJD ont attaqué, sans détour, le bilan de ce programme, interpellant le ministre de l’Intérieur sur les irrégularités de la gestion de son budget peu conforme, selon eux, aux principes de transparence. Les élus islamistes ont brossé un tableau noir des réalisations de l’INDH, évoquant une «déviation des nobles objectifs de l’INDH» pour «servir des intérêts électoralistes». Et de conclure en parlant d’ «échecs de programmes réalisés dans plusieurs régions». Ces griefs du groupe parlementaire du PJD étaient diffusés en direct sur Al Oula.
L’INDH est un programme lancé, le 18 mai 2005, par le roi Mohammed VI; juste deux années après les attentats terroristes du 16 mai 2003 de Casablanca.