Il est vrai qu’en Islam, l’Eglise, comme gigantesque édifice moral, éthique, aménageant les rapports entre le ciel et la terre, par l'intercession de ses clercs, n’existe pas. L’Homme est seul, face à son créateur, mais il n’en demeure pas moins vrai que l’Imam conduit la prière, et fait le prêche, - particulièrement celui du vendredi…
Le prêche, cette parole qui rappelle… Car l’Islam suppose, commande le rappel, l’islam sait combien le cœur des croyants, en proie au siècle, peut subir d’érosion. L’Islam, lutte contre l’Oubli. Oubli du pacte qui lie l’Homme à son créateur. Pacte, dont, d’une certaine manière, l’Imam, peut et doit, le vendredi, rappeler la force. Dont il doit aussi rappeler la fragilité.
Le siècle, l’entrain du siècle. La puissance de ses maux ! Son bouillonnement, ses plaisirs, - qui font oublier le piège tendu à l’Homme, par le Diable, dont l’Imam peut aussi, faire la Guest Star de certains vendredis ! Ainsi, lorsqu’un Imam critique un Festival ou deux…
Un précédent que l'on crée
Que cet Imam soit du salafisme le plus dur, le plus intraitable, qu’il monte en chaire, vocifère, qu’il soit animé du sectarisme le plus radical. Que ses propos se montrent caricaturaux, presque ridicules, que l’Imam en question, aille jusqu’à brandir le feu de la Géhenne, les punitions éternelles, et que cet Imam soit sanctionné, qu’on le relève de ses fonctions, qu’il soit redescendu de son Minbar, dans un pays comme le nôtre… Voilà qui est intéressant…
Car au fond, en faisant descendre cet Imam de son piédestal d’amalgames, ce n’est pas tant un religieux borné, prédicateur indésirable, exégète récalcitrant ou de mauvaise foi que l’on fait taire… Qu’une ligne de partage que l’on trace, un précédent que l’on crée. Ce précédent, il dit peut-être, - bien qu’il ne soit pas le premier… Qu’au fond, les prédicateurs doivent s’occuper du Ciel plus qu’ils ne doivent se mêler des affaires de la Cité. Surtout si la Cité aime les festivals, les concerts et les parterres de spectateurs en délire !
Pourtant, L’Islam, dispose pour le Ciel, la Terre, et ce qui les sépare de mondes infra ou supra-humains… Alors que l’islam régit tous les aspects de la vie, cette sanction, peut-être ou pas justifiée, ne vient-elle pas entériner une répartition nouvelle entre le religieux et le séculier ? La compétence et l’incompétence ? Quelque chose de l’ordre de l’avènement d’une laïcité qui ne dirait pas encore son nom…