Depuis le 5 juin dernier, l’Organisation international du travail (OIT) tient à Genève la 102ème session de sa Conférence annuelle, placée sous le signe du «travail décent et protection sociale dans le nouveau contexte démographique». Cet évènement est aussi l’occasion pour plusieurs économies de se côtoyer et de discuter quant aux possibilités d’établir des partenariats.
«Je t'aide à créer de l'emploi, tu me donnes ta nourriture»
C’est ainsi que le ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle, Abdelouahed Souhail, a reçu des propositions claires de son homologue qatari, Nasser bin Abdallah Al Humaidi. «Nous sommes au Qatar disposés à venir réaliser des projets créateurs de postes d’emploi [dans le domaine agricole] en contrepartie d’une part de la production», a-t-il déclaré, rapporte La Nouvelle Tribune.
En d’autres termes, Doha pourrait investir pour le développement de l'agriculture marocaine, à condition que Rabat lui cède une partie de sa récolte annuelle. D’après M. Al Humaidi, un tel partenariat ne pourrait qu'être un succès. Il juge cependant important que les deux pays puissent travailler «à distance» afin de renforcer leur coopération en la matière. Ainsi, les deux parties ont convenu du lancement prochain d’un portail en langue arabe qui permettrait un plus grand accès à l’information.
M. Souhail et son homologue qatari ont également fait savoir qu’une mission qatari débarquera prochainement au Maroc, dans l’objectif de poser un meilleur cadre de la coopération bilatérale.
Le Maroc condamné par son besoin d’argent ?
Le Qatar poursuit donc sa grande sa conquête marocaine. Il faut dire qu'au départ, cela a suscité l’inquiétude des autorités chérifiennes. Ce serait l'une des raisons pour lesquelles Rabat aurait émis son véto contre l’acquisition par Ooredoo (ex-Qatar Telecom) des parts de Vivendi dans le capital de Maroc Telecom. Cependant, cela n’empêche pas Doha de s’introduire sur des marchés comme celui de la plasturgie.
Jusque-là, ces investissements ne réclamaient pas une contrepartie particulière au Maroc, en tout cas, pas de manière officielle. Actuellement les deux pays semblent s'orienter vers un partenariat bilatéral à l'image de ceux qui lient le Maroc à l'UE ou les Etats-Unis, bien qu'il ne s'agissent pas d'accord de libre-échange. Mais cette contrainte de partage de la récolte pourrait mettre le Maroc dans une situation déclicate en cas de mauvaise campagne agricole. D'autant qu'au-delà des techniques, le secteur reste tributaire des conditions climatiques.