Brouhaha médiatique international autour de l’absence du roi Mohammed VI

Voici maintenant près d’une semaine que plusieurs médias évoquent le «mystère» qui entoure les récents voyages à l’étranger du roi Mohammed VI. Tout est parti d’un édito d’Ali Anouzla publié samedi dernier sur le site d’information marocain Lakome, dans lequel l’auteur soulève les problèmes politiques et constitutionnels liés à ce qu’il appelle «l’absentéisme royal». En effet, le propriétaire du palais de Rabat qui est à son troisième voyage à l’étranger depuis le début de cette année, aurait quitté le pays depuis le 10 mai dernier.

Ali Anouzla estime qu’il devrait y avoir une «communication transparente» sur les déplacements du roi, qu’ils soient publics ou privés, à l’instar des autres monarchies ou Etats dans le monde.

Alors que le doute plane, le sujet intéresse les médias internationaux qui n'ont pas manqué de relayer l'information. Le Courrier International, très vite, a publié l'édito d'Ali Anouzla en intégralité. La presse algérienne par exemple évoque une «mystérieuse maladie de Mohammed VI». Les médias espagnols, très proches de l'actualité marocaine, ont également publié sur le sujet.

De son côté, la chaine de télévision belge RTL est allée jusqu’à faire un reportage retransmis au journal télévisé, dans lequel l’état de santé du roi est évoqué : «Depuis plusieurs semaines en France, le roi du Maroc est-il souffrant?». La chaine a mené son enquête à Betz en France, où le roi détient une propriété privée. Les habitants du village attestent que Mohammed VI y est bel et bien depuis «plusieurs semaines, voire un mois». 

«Pêcher en eau trouble»

Si les médias étrangers évoquent la question de la santé du roi Mohammed VI comme n'importe quel autre question d'actualité, il faut cependant dire que la question est très peu, voire pas du tout soulevée par les médias nationaux. Le sujet reste tabou et on évite de l’aborder au grand jour. D’ailleurs selon MaghrebEmergent, Ali Anouzla serait «violemment attaqué par le Makhzen et sa presse» pour son édito. Le site arabophone «Cawaliss Al Youm» a réagi en reprochant à son confrère Lakome d’avoir publié cet édito. Pour lui, c’est «pécher en eau trouble», alors que tous les Marocains savent que «l’institution monarchique est présente sur la scène politique nationale et accompli ses missions quel que soit le lieu où se trouve le roi».

Ceci étant, Ali Anouzla a bien l’habitude de ce genre de situation. En 2009, alors directeur du quotidien arabophone «Al Jarida Al Oula», il avait écopé d’un an de prison pour avoir publié un article sur la santé du roi. L’année d’après, le journal a cessé de paraître. Cette fois, les autorités gouvernementales n’ont pas encore réagi à sa dernière sortie et l’on ne saurait dire ce qui pourrait en découler. Toutefois, la nouvelle constitution ayant mis un point d’honneur sur la liberté d’expression, M. Anouzla n’aurait rien à craindre. Sur cette base, on pourrait plutôt s’attendre à des clarifications comme ce fut le cas lorsque le roi est apparu en béquille en novembre dernier.