L’Espagne croit fermement au retour des chalutiers européens dans les eaux atlantiques marocaines. Une conviction exprimée, hier, par le cabinet Rajoy en réponse à une question d’une parlementaire du PSOE (opposition). Madrid souhaite que le sixième round de négociation, dont la date n’est pas encore fixée, soit le dernier pour la conclusion d’un accord de pêche.
«Le Maroc et la Commission européenne ont montré un grand intérêt et une bonne disposition à la signature, dans les brefs délais, d’un nouveau protocole», assure l’exécutif espagnol comme le rapporte le site universocanario.com. Le gouvernement dirigé par Mariano Rajoy avance que Rabat et Bruxelles seraient parvenus à une entente sur le montant de la compensation financière annuelle, laquelle pourrait être «revue légèrement à la hausse» par rapport à la contrepartie du précédent accord.
L’obstacle du Sahara
La dernière fois que les négociateurs marocains et européens ont pris langue, c'était en février à Rabat. Depuis, rien à signaler. La cause de ce blocage est la question du Sahara. L’UE exige, en effet, que soit inscrite noir sur blanc «une clause dans l’accord insistant sur le respect des droits de l’Homme» dans la province, précise la réponse du gouvernement espagnol.
Une exigence repoussée, pour le moment, par le royaume. En revanche, la Commission européenne tient à ce que cette revendication figure dans le protocole avant d’entamer la phase périlleuse de tout le processus : le soumettre pour approbation finale au parlement de Strasbourg. Par cette clause, la CE espère convaincre certains eurodéputés qui hésitent à voter en faveur de l’accord et éviter ainsi le remake de l’échec de l’automne 2011. Une perspective à ne pas écarter tant le Polisario a de solides réseaux au sein du PE.
Le précédent du rapport demandé en 2011
Le souci de la Commission européenne est totalement partagé par la Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton. Dans une réponse à des eurodéputés très proche du Polisario, la britannique a rappelé que Bruxelles «négocie un nouveau protocole avec le Maroc en tenant compte de la décision du Parlement européen sur l’avenir du protocole d’accord de pêche avec le Maroc». Et d’ajouter que la CE souhaite «parvenir à un accord prévoyant une clause qui respecte les droits de l’Homme et le droit international et préserve les intérêts de toutes les populations locales concernées».
Cette nouvelle exigence européenne n’est pas sans rappeler le rapport, en 2011, demandé par Bruxelles aux autorités marocaines afin de savoir si l’ancien protocole profitait à la population autochtone du Sahara. Rabat avait fait la sourde oreille, le renouvellement de l’accord a été rejeté par les eurodéputés.