Le chef de gouvernement n’écarte pas la possibilité d’opérer de nouvelles hausses des prix des produits de consommation. Abdelilah Benkirane a laissé entendre, lors de la réunion de la commission nationale de son parti, tenue samedi à Salé, que son cabinet «pourrait prendre des mesures douloureuses mais nécessaires», précisant que «son gouvernement est arrivé dans un contexte de crise, lequel ne peut être dépassé par des sourires et des augmentations de salaires et des retraites ou par la baisse des prix». Benkirane a réitéré devant ses «frères» que «la situation et les indicateurs économiques annoncent des difficultés dans l’avenir», estimant que «le peuple demande un gouvernement capable de mener des réformes et de maitriser les équilibres macro-économiques».
Benkirane admet les critiques du FMI
C’est un exercice pédagogique auquel s’est livré, le secrétaire général du PJD. Ses aveux visent essentiellement à préparer les siens à la perspective des hausses des prix, et ce, afin de mieux les défendre contre toute forme d’opposition. Benkirane a également reconnu, devant les membres de la Commission national de son parti, que le FMI n’est guère satisfait des réformes que mène son cabinet. L’institution financière les juge «confuses», a admis le chef de gouvernement. Mardi dernier, Benkirane s’est entretenu avec une délégation du Fonds monétaire international, conduite par Jean-François Dauphin, chef du département Moyen-Orient et Asie centrale.
Le Maroc est tenu d’initier une mise à niveau, dans l’urgence, de la caisse de compensation. La loi de finance de cette année lui a alloué 50 milliards de dh. Sa réforme est placée au rang de priorité par l’actuel exécutif, voilà plus d’une année et demie sans que rien ne soit, réellement, entrepris à l’exception de quelques déclarations vite démenties par leurs propres auteurs. Comme c’est le cas du ministre des Affaires générales, Mohamed Najib Boulif, qui s’est empressé d’annoncer que le mois de juin allait connaître le début de la distribution des aides directes aux démunis.
Que fera la majorité ?
C’est, en effet, la première fois que Abdelilah Benkirane brandit, publiquement, la menace de recourir à de nouvelles hausses des prix. Certes, il s’en est déjà confié, fin mars, à ses alliés au sein de la majorité lors de la dernière réunion des quatre chefs de partis. A l’époque, Hamid Chabat et Mohand Laenser, respectivement secrétaires généraux de l’Istiqlal et du Mouvement populaire, se sont opposés ouvertement à une telle mesure. Maintenant, le chef du gouvernement a, et aura, davantage les mains libres si le PI bascule définitivement dans les rangs de l’opposition, sachant que le MP n’est pas de taille pour tenir tête au patron du PJD.