Un ministre du gouvernement Benkirane serait menacé de mort. Sa petite famille, également. Il s’agit du ministre de la Santé, Houcine El Ouardi du PPS. Le quotidien Assabah rapporte que des personnes l’auraient menacé devant la porte de son domicile et tenté d’empêcher sa jeune fille de se rendre à l'école. Les commanditaires seraient «des lobbys qui profitaient de l’ancienne situation et s’opposaient à la réforme», affirme-t-il dans des déclarations à une radio casablancaise. Le ministre s’est refusé de citer des noms, soulignant que les parties qui seraient disposées à porter atteinte à son intégrité physique «bénéficient d’avantages estimés à des milliards de dh. J’espère qu’elles cesseront leurs intimidations.
Dans le cas contraire, je ne compte nullement baisser les bras mais je suis déterminé à purifier le secteur de la Santé, assumant jusqu’au bout mes responsabilités». El Ouardi a rappelé que, lors de sa prise des fonctions, il était parfaitement conscient des risques encourus. El Ouradi a déposé une plainte contre X.
En un an et demi, le ministre a ouvert plusieurs fronts de guerre
Janvier 2012, le maroquin de la Santé revient à Houcine El Ouradi. Aussitôt, il ouvre un front contre l’ancienne garde appartenant au parti de l’Istiqlal, nommée du temps de Yasmina Baddo. La résistance était bien faible, il a vite réussi à la neutraliser et l’écarter de la prise des décisions. Cette victoire, lui a donné assez d’audace pour s’attaquer aux professionnels du secteur public qui exercent, en même temps, dans les cliniques privées. Novembre 2012, l’interdiction est officielle. «Les médecins et les cliniques privées, qui ne respecteront pas cette décision, seront sanctionnés (…) Les dispositions nécessaires seront prises à l'égard des contrevenants», martelait le ministre lors d’une conférence de presse conjointement tenue avec son collègue à la Communication, Mustapha El Khalfi.
Cependant, cette fois, le succès n’était pas au rendez-vous. Les démissions des professeurs universitaires laissaient planer le spectre d’une année blanche. A cela s’ajoute le refus des chirurgiens affiliés au Syndicat indépendant des médecins de ne pas opérer dans des blocs opératoires non-conformes aux normes exigées par l’OMS, paralysant ainsi l'activité dans plusieurs hôpitaux. Récemment, le ministre a été contraint de faire marche arrière et autorisait aux médecins du secteur public d’exercer dans le privé, l’après-midi du vendredi et le week-end. L’irréversibilité de sa fameuse circulaire est oubliée.
Cliniques privées et laboratoires, le ministre les évite pour le moment
La détermination affichée par le ministre pour combattre les amis de son prédécesseur au sein du département de la Santé ou contre les professionnels qui travaillent dans le privé n’est pas de la même nature qu'avec les laboratoires et les cliniques. Le 16 mai, les services d’El Ouardi annoncent, dans un communiqué dont Yabiladi en détient une copie, que «des écrits ont été envoyés au Secrétariat Général du Gouvernement pour prendre les dispositions appropriées pour fermeture ou mesures à prendre (sanctions) pour non-conformité aux normes ou exercice illégal de la médecine contre 10 cliniques». Aussitôt la nouvelle est publiée, le ministre diffuse un autre communiqué dans lequel il opérait une volte-face.
Avec les laboratoires, les négociations pour la réduction des prix des médicaments marquent le pas. Le quotidien arabophone El Akhbar faisait état, il y a quelques jours, d’une éventuelle entente entre le ministère de la Santé et les industriels pour la baisse des coûts de 700 médicaments en échange de la hausse de 2700 autres. Une information démentie, illico presto, par El Ouardi.