Au moment où les tensions au Sahara, entre pro et anti-Polisario, se font de plus en plus ressentir, un journaliste espagnol, spécialiste de la question, affirme que le mouvement séparatiste est en très mauvaise position. «Pour les analystes qui connaissent la réalité et qui sont informés jour par jour de tout ce qui se passe dans la zone sahélo-saharienne, en particulier dans le Sahara et dans les camps de Tindouf, l’agonie du Polisario est un fait irréversible», estime l’éditorialiste Ramon Moreno Castilla, dans un article publié, samedi 11 mai, par le quotidien canarien El dia.
Une «analyse prospective de l'évolution des événements en Algérie, acteur principal de tout ce qui se passe actuellement au Maghreb, nous mène de manière indéfectible à un scénario qui n'est pas du tout favorable au Front Polisario», affirme-t-il, avant de poursuivre : «La dernière cartouche qui restait aux dirigeants du Polisario était de dénoncer cyniquement les suposées violations des droits de l'Homme au Sahara».
Une cartouche qui n’a pas servi à grand-chose, selon le journaliste, au vu de l’adoption par le Conseil de Sécurité de l’ONU, le 25 avril dernier, de la résolution 2099. Celle-ci, pour rappel, prolonge d’un an le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), sans inclure à ses prérogatives le contrôle des droits de l’Homme, comme réclamé par le front.
«Le Polisario vaincu» ?
Ramon Moreno va encore plus loin et affirme que le mouvement de Mohamed Abdelaziz a, d’ores et déjà, perdu sa bataille. «Le Polisario, malgré les énormes sommes d'argent qui lui sont accordées par l'Algérie, a été vaincu en son temps sur le champ de bataille et maintenant sur le plan diplomatique, au niveau de l'ONU, le forum politique le plus important au monde». «En plus, la crise économique actuelle en Europe a mis le Front dans une situation financière chaotique», assure le journaliste.
Selon lui, plusieurs gouvernements et ONG de l’étranger ont dû suspendre ou retirer les «aides humanitaires» qu’ils accordaient auparavant au Front, à cause de la crise. D’autant plus que cet argent «n’était pas distribué à la population sahraouie, mais servait à corrompre les dirigeants du Polisario», soutient la même source.
Le Sahara est, par ailleurs, sous tensions depuis quelques jours. Plusieurs manifestations ont été organisées récemment par les pro-Polisario, à Laâyoune notamment, dans le sud du Maroc, pour réclamer l’indépendance de la région. Selon le ministre de l’Intérieur Mohand Laenser, ces marches de protestation sont tout sauf «spontanées». «Ce sont des actions planifiées et financées depuis l’étranger pour démontrer au monde que le Sahara est une région sous tension et où il n’existe pas de stabilité», a-t-il récemment affirmé devant le parlement. Le Polisario, lui, n’exclut pas un retour de «la lutte armée (…) si l'ONU échoue dans sa démarche d'organiser» un référendum.