Le contrôle des cafés à chicha en 2012 a permis l’arrestation de 3 305 personnes, contre 667 en 2009, selon les déclarations du ministre de l’Intérieur, Mohand Laensar, interpellé à ce sujet hier lundi, lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, rapporte L'Economiste. En outre, certains propriétaires de cafés, qui ont commis ce genre d’infractions, ont été privés de leurs autorisations et 12 000 narguilés au total ont été confisqués, ajoute le ministre. Le département de Laensar mène également une campagne de sensibilisation depuis l’année dernière dans les écoles, les hôtels ainsi que les boites de nuit.
Tout ceci ne semble cependant pas rassurer les membres du parti Justice et Développement (PJD) d’Abdelilah Benkirane. «Il y a un vide juridique sur la question. La chicha n’est pas interdite au Maroc», signale d’entrée de jeu, Mohamed Benasadr, député PJD et Coordinateur de la commission de la Justice à la Chambre des représentants. «Dans la foulée du projet de loi sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics, Nous voulons également interdire la consommation publique de la chicha», déclare-t-il.
Pires conséquences sur la santé
D’après ce député Pjdiste, la loi contre la consommation publique du narguilé est plus qu’urgente, d’autant qu’il a «des conséquences très néfastes sur la santé». En effet, cette pipe contiendrait 4 000 matières toxiques et la combustion douce de son tabac, qui dure 60 minutes contre 5 minutes pour la cigarette, produit 10 fois plus de monoxyde de carbone. Son consommateur s’expose donc encore plus au risque de cancer et problèmes cardiovasculaires. «Les choses doivent être réglementées, afin que les cafés qui servent la chicha sans le déclarer arrêtent cette pratique», estime M. Benasadr.
La consommation de la chicha au sein la société marocaine s’est accrue avec le temps. Depuis plusieurs années, les politiques manifestent leur volonté d’éradiquer ce fléau, sans jamais y parvenir. A Casablanca par exemple, une circulaire de la wilaya interdit la consommation du narguilé dans les cafés et lieux publics. Mais cela n’empêche pas les consommateurs de s’y adonner, parfois même en pleine rue. Le vide juridique fait que les arrestations, bien que parfois répétées, se soldent par des relaxes. Et comme pouvait encore le souligner un membre du corps de la police au quotidien Aujourdhui le Maroc, tant «qu’il n’y a pas une loi qui considère la chicha comme un produit prohibé et l’interdit catégoriquement, même le Procureur du Roi» ne peut prendre aucune décision.