Après plusieurs jours de manifestations des pro-Polisario au Sahara, voilà que tombe la première réaction hostile aux interventions des forces de l’ordre marocaines. Elle émane de Paris, un autre allié qui met en garde Rabat. Hier, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, la France a tenu à prendre ses distances vis-à-vis du Maroc, affirmant par la même occasion son «attachement au droit à manifester pacifiquement». Elle a dit regretter que «ce rassemblement (du vendredi, ndlr) ait occasionné des violences qui se sont soldées par plusieurs blessés».
Paris met en garde Rabat
Des propos qui sonnent comme une mise en garde à l'adresse des autorités marocaines en vue de mettre un terme à la dispersion des marches des sympathisants du Polisario dans la région. Des marches qui vont crescendo depuis que le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2099 prolongeant d’une année supplémentaire le mandat de la Minurso mais sans le droit de superviser les droits de l’Homme.
Justement dans sa déclaration à la presse, Philippe Lalliot a rappelé que le texte des Quinze «a été adoptée à la satisfaction de tous et comporte une disposition appelant les parties à poursuivre leurs efforts en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme».
«il faut améliorer les conditions de vie de la population» du Sahara
En réalité, ce rappel à l’ordre à l’adresse du Maroc n’est guère surprenant. Il s’inscrit dans le sillage de la nouvelle position de Paris concernant le Sahara, rappelant que la France a montré moins d’enthousiasme à défendre le royaume face à la menace du projet de résolution américaine proposant un élargissement des prérogatives de la Minurso.
Un soutien timide qui tranche complètement avec ceux de l’Espagne et la Russie, deux pays qui ont usé de leurs influences auprès des Etats-Unis pour renverser la vapeur en faveur du Maroc. Pour mémoire, c’est José Margallo, le chef de la diplomatie espagnole, qui a tiré à boulets rouges, publiquement et depuis la Jordanie, sur l’initiative américaine, et non son homologue français Laurent Fabius.
Les propos du porte-parole du ministère des Affaires étrangères cadrent parfaitement avec l’appel du président François Hollande aux autorités marocaines d’«améliorer les conditions de vie de la population de cette région» (le Sahara). C’était lors de son discours devant les deux chambres du parlement marocain.