Sur 22 détenus français en grève de la faim lors de la visite le président de la république française au Maroc, la semaine dernière, seuls 6 d’entre eux environ continuent leur action. Presqu’aucun cas n’a été fait de leur action dans la presse et François Hollande a éludé la question des droits de l’Homme. Hier, mercredi 10 avril, ils se disent «déçus».
Interpellé directement, en conférence de presse, jeudi 4 avril, sur les droits de l’Homme au Maroc, François Hollande a évoqué «un processus lent». Il y a «incontestablement eu des progrès pour la population [...]», a-t-il avancé tout en reconnaissant l’existence de «problèmes particuliers», sans plus de précision. «Cela prouve réellement que les détenus ne sont vraiment pas une priorité. Ceux qui continuent la grève attendent de vraies réponses de la part des autorités françaises qui apparemment s'en foutent», estime la famille d’un détenu, jointe cet après midi, par Yabiladi et qui préfère rester anonyme. Certains détenus, cependant auraient rencontré le procureur du roi et pu lui expliquer leur situation.
Arrestations abusives
Les 22 hommes avaient entamé une grève de la faim lundi 1er avril. «Suite aux arrestations abusives dont nous avons été victimes, la majorité d'entre nous a été torturée. […] Face au silence coupable des autorités marocaines et à la frilosité de la France, nous voyons dans cette grève de la faim l’ultime chance de faire entendre notre désespoir lors de votre venue Mr Le Président», expliquaient les détenus dans un communiqué de presse des grévistes à l'adresse de François Hollande.
Par leur grève de la faim, les 22 détenus Français demandent leur transfèrement rapide en France, et la révision des procès des détenus innocents. Ils demandent également un réel soutien des autorités consulaires, l’intervention de la France pour les respects des accords bilatéraux et la poursuite en justice des auteurs des tortures.
«Sarkozy était mieux !»
Peine perdue. François Hollande n’a fait officiellement aucune mention du sujet. Au contraire, il s’est montré très élogieux à l’égard du Maroc, devant la chambre des représentants. Il a salué les «pas décisifs» que le Maroc accomplit «chaque jour» vers la démocratie. «Il y a des impatiences partout [...] mais je sais que vous avez la volonté de faire face et de réaliser ce que vous avez promis aux Marocains», a-t-il concédé. «On se rend compte que Sarkozy était mieux ! Pour un pays démocratique comme la France c'est une honte de saluer cette pseudo démocratie avec tous les rapports internationaux qui pointent du doigt le Maroc concernant les mauvais traitements qu’ils ont subi», s’indigne, la famille.
La déception vient principalement de l’indifférence manifestée par François Hollande du sort de ressortissants français. «Trop d'intérêts économiques sont en jeux pour que la France intervienne pour les détenus français», laisse tomber la famille du détenu. Les 22 hommes incarcérés vont continuer à se battre, avant tout pour le transfèrement dans les prisons françaises, car depuis le début de la grève certains ont à nouveau subi des fouilles de l’administration qu’ils estiment abusives.