Deux députés marocains réalisent actuellement un sit in de protestation au pont Allenby, le point de passage entre la Jordanie et la Cisjordanie, jusqu’à mercredi 10 avril. «Les autorités israéliennes m’ont empêché, ainsi que mon collègue Ali Salem Cheggaf, de traverser la frontière sans nous donner aucune raison», a indiqué, hier, Mehdi Bensaïd, député marocain du PAM, à l’AFP. «Je ne comprends pas la décision d’Israël, c’est une insulte au parlement et au peuple marocain», dénonce-t-il. «La Chambre des représentants exprime son soutien et sa solidarité avec le député Mohamed Mehdi Bensaid», dans un communiqué officiel.
Les deux parlementaires marocains voyageaient, depuis plusieurs jours, au sein de la délégation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, chargée de préparer un rapport sur la situation au Proche-Orient, et dirigée par la sénatrice socialiste française Josette Durrieu. Ali Salem Cheggaf (ou Chekkaf) n’est autre que le président de la commission des Affaires étrangères à la Chambre des conseillers. Mehdi Bensaïd est député pour le parti d’opposition authenticité et modernité (PAM) depuis 2011, membre de la commission des Affaires étrangères, de la Défense nationale, des Affaires islamiques et des MRE à la chambre des représentants. Il représente également le Maroc au sein de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe suite au partenariat de la démocratie signé entre le Parlement Marocain et le Conseil de l’Europe.
Israël donne les visas
Avec la délégation, les deux hommes ont pris la route pour Ramallah. Selon la Chambre des représentants, Mehdi Bensaïd et Ali Salem Cheggaf ont été les seuls parlementaires de la commission à avoir été empêchés d’entrée en Cisjordanie. La chambre des représentants condamne «cet acte discriminatoire et arrogant» des autorités israéliennes. «Depuis une heure du matin, nous sommes ici, [bloqués] à la frontière [...] Nous dénonçons le fait que ce soit les Israéliens qui donnent un visa entre deux territoires souverains, parce que la Palestine, maintenant et malgré tous les problèmes, a été reconnue par les Nations Unies», a déclaré, hier, M. Bensaïd.
Pour Sion Assidon, président de BDS Maroc, la décision d’Israël n’a rien d’étonnant. «Nous avons l’habitude que la liberté de circulation en Cisjordanie soit très limitée, y compris pour des européens qui sont refoulés parce qu’ils appartiennent à une association de droits de l’Homme qui s’intéresse au sort des Palestiniens, ou parce qu’ils sont favorables au boycott d’Israël», assure-t-il.
Coup d'éclat ?
Ce qui est plus étonnant, selon lui, c’est que les deux parlementaires marocains se soient retrouvés bloqués directement à la frontière. «Habituellement, les Marocains qui veulent entrer en Cisjordanie présentent une demande aux autorités palestiniennes qui ne la délivrent que si Israël donne son accord pour leur passage», explique Sion Assidon. En somme, les Marocains savent généralement avant leur arrivée au poste frontière s’ils pourront passer ou non et ne se présentent pas s’ils n’ont pas obtenu d’accord préalable. Peut-on imaginer, alors, que les deux parlementaires, dont Mehdi Bensaïd - que Abdelilah Wahbi qualifie de «boule d’énergie» du PAM - assurés déjà de ne pouvoir entrer, aient voulu provoquer un coup d’éclat médiatique pour dénoncer le contrôle des frontières de la Cisjordanie par Israël ?