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Grand Angle  

Diaspo #385 : Entre rap et chaabi, Benny Adam célèbre la musique marocaine au Canada

Le tube de Benny Adam, «Mok ya Mok», relie deux univers, entre le Maroc et la migration marocaine. Grâce à un nouveau son qu'il appelle draï, mélangeant chaabi, raï et drill, il rend à Khadija Warzazia ses lettres de noblesse et célèbre la complexité de l'identité du pays d'origine à l'étranger.

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Temps de lecture: 5'

Sur Instagram Reels, le tube Mok ya Mok est le succès du moment. Une chanson qui vibre et capture l'essence de deux univers qui rassemblent les Marocains du monde, nés ou grandis à l'étranger sans toujours pouvoir décrire leur sentiment avec des mots. Benny Adam a trouvé la formule. À sa manière, il célèbre cette double appartenance à travers des paroles et des références chargées de sens, avec le chaabi de Khadija Warzazia et toile de fond.

Avant de se lancer dans ce nouveau genre qu'il appelle drai, Benny Adam — de son vrai nom Ahmed Saghir — a parcouru un long chemin. Tout a commencé au Canada, après que ses parents ont décidé de quitter Casablanca pour Montréal alors qu'il n'avait que 13 ans. Dans un monde sans réseaux sociaux, sans YouTube ni Spotify, Ahmed était déjà sûr de son talent pour la musique.

Un artiste par choix, un producteur de musique par hasard

Initialement porté sur le dessin, Benny Adam a découvert son amour pour la musique au cours du processus. «J'adorais dessiner. Et pendant cette activité, j'avais toujours ma radio-cassette en marche. J'écoutais de la musique pendant huit heures d'affilée chaque jour», a-t-il confié à Yabiladi.

Comme tout adolescent des années 2000, le jeune prodige a eu un lien viscéral avec la musique, devenue une partie de sa vie grâce à Eminem, au rap en général, et aux battles dans la cour de récréation. «Il n'y avait pas de réseaux sociaux, et le rêve de réussir semblait très lointain», se souvient Ahmed, qui a commencé à expérimenter la musique dès l'âge de 16 ans.

«Il était difficile de trouver quelqu'un avec qui faire de la musique, alors j'ai commencé à jouer avec des logiciels. Je suis devenu producteur presque par accident — et il s'est avéré que j'étais plutôt bon», se souvient-il.

Ahmed enregistrait sa musique avec un simple ordinateur à la maison, la gravait sur des CD. Dans un monde sans TikTok ni Instagram, il a réussi à s'en sortir. «Ce qui m'a aidé, c'était de partager mes morceaux — et à l'époque, sur Messenger, la chanson que vous écoutiez apparaissait comme votre statut», se souvient-il.

«C'était mon outil de marketing», a-t-il dit. Il faisait un morceau, le mettait là, les gens le voyaient et lui demandaient de le leur envoyer. «Je le partageais, et bientôt le statut de tout le monde affichait ma chanson. Puis les artistes la voyaient et demandaient : 'Qui a fait ce beat ?' Ils me contactaient, et quand ils découvraient que c'était moi, ils me demandaient de produire quelque chose pour eux». C'est ainsi que Benny Adam est devenu producteur.

Initialement, Ahmed sortait des morceaux en tant qu'artiste, mais il s'est vite retrouvé à produire en créant des beats, des pistes instrumentales, et même des chansons qu'il écrit pour d'autres artistes. Peu à peu, la carrière de Benny Adam a pris de l'ampleur, grâce à des collaborations avec de nombreux artistes. Mais son premier véritable succès s'est fait en France, en 2016. «Le Canada a un grand marché et il est difficile de percer», a-t-il admis.

Benny a ainsi décollé dans l'Hexagone, où il a travaillé avec le rappeur franco-marocain Nero et coproduit l'album de ce dernier pour Capitol Music France. Il décroche aussi son premier disque d'or.

Un vieux rêve qui se réalise

En 2019 et au sommet de son succès, Benny sent pourtant que quelque chose lui manque encore. «Je n'étais pas vraiment heureux. C'est là que j'ai décidé de sortir mon propre projet, La Barquetrie». Il a ajouté : «Ça a commencé pendant mon temps libre entre les sessions. J'ai fait un morceau pour moi, j'ai payé quelqu'un le lendemain pour tourner une simple vidéo musicale, et en trois jours, j'avais la chanson, la vidéo et la bande-son prêtes. J'ai fait ça pour trois EPs», se rappelle-t-il fièrement.

Avec des influences qui s'étendent sur différents univers musicaux tels que Cheb Khaled et Michael Jackson, Benny était sur le point de faire une autre découverte.

Pendant le confinement dû à la crise sanitaire de Covid, il était en studio avec son ami et producteur montréalais et Gary White. Lors d'une session d'expérimentation et de jamming, il a créé une mélodie inspirée d'une chanson du chanteur Chaabi Abdelaziz Stati (Aatini l’visa o l’passport).

«J'ai terminé la chanson en une journée — elle s'est assemblée rapidement et naturellement. Comme le morceau avait une ambiance chaabi, j'ai pensé qu'il serait logique d'y inclure un artiste marocain», a dit Benny. C'est ainsi que l'idée de faire participer Stati à cette création est née. «Je l'ai contacté et lui ai demandé s'il serait ouvert à apparaître dans la vidéo. Il a accepté tout de suite. J'ai tourné ma partie à Montréal à cause des restrictions de voyage, et ils ont filmé la leur au Maroc». C'est ainsi qu'Alizée (Feat. Small X) a vu le jour.

À partir de là, l'intérêt de Benny pour la musique chaabi s'est accru. «Pour moi, c'est le vrai hip-hop marocain. Nous avons le bling — ma grand-mère avait des dents en or et un gommard. Nous avons l'auto-tune avant que ce soit tendance, comme dans le raï. C'est brut, authentique, sans complexe. Le chaabi parle de la vraie vie — tout comme le hip-hop aux États-Unis».

C'est alors que l'artiste a entamé un voyage de quatre ans pour moderniser le chaabi à sa manière, capturant l'essence d'un genre qui parle profondément aux Marocains, tant au pays que dans la diaspora.

En 2024, il sort les morceaux Travolta et Tit’souite (feat. Nayra), qui ont marqué l'introduction de ce genre nouveau appelé draï — un mélange de drill anglais (sous-genre du hip-hop), de raï et de chaabi.

Maroc, fierté et chaabi

Puis est venu le plus grand succès de Benny Adam : Mok ya Mok. L'idée de collaborer avec Warzazia est née lors d'un mariage auquel Ahmed a assisté au Maroc. «C'était grâce à une bonne amie commune nommée Loubna. Au mariage de sa sœur, Lwarzazia a chanté, et elle m'a dit : 'Tu dois découvrir cette femme — c'est une star'», se souvient-il.

Ahmed a immédiatement pris l'une de ses chansons, Mok ya Mok. «Avec l'IA — l'intelligence artificielle — nous avons pu extraire ses voix. J'ai fait ma démo comme ça. Et une fois que j'avais le morceau avec mes parties, il était temps de la rencontrer et de demander son autorisation».

Mais ensuite, les choses ont légèrement changé. «Je voulais voir si elle accepterait de venir au studio et de réenregistrer les voix correctement. Et elle l'a fait. C'est une vraie collaboration et, plus que tout, une expérience humaine», nous a-t-il confié.

Sortie il y a deux mois, la chanson a dépassé les 5 millions de vues sur YouTube, a dominé Shazam au Maroc. Elle a aussi grimpé dans les charts viraux au Maroc et en France, avec plus de 150 millions de vues sur TikTok et Instagram Reels. Pour beaucoup, la chanson et son clip capturent ce que signifie être marocain à l'étranger.

«Être loin de son pays vous rend fier de vos origines. Pour moi, c'est comme un poisson dans l'eau. Quand vous demandez à un poisson, 'Que penses-tu de l'eau ?', il dit, 'C'est quoi l'eau ?' Mais quand vous le sortez de l'eau, il réalise soudain qu'il était dans quelque chose de vital. C'est pareil pour un Marocain — une fois que vous quittez le Maroc, c'est là que vous réalisez vraiment la richesse de votre pays», a déclaré Benny.

Mok ya Mok présente un couplet qui a largement résonné, montrant les divers horizons culturels qui façonnent les expériences de Benny Adam :

«Nous sommes nombreux ! Et dans ma tête, nous sommes nombreux
Marocain-Canadien, Musulman, Arabo-Berbère, Afro-Caucasien
La nationalité marocaine s'acquiert par la naissance et ne peut jamais être perdue».

«Nous sommes un peu un mélange de tout cela. Sauf pour la partie canadienne, qui est spécifique à moi et à ceux qui ont grandi au Canada», a reconnu Benny. «Je pense que c'est une richesse».

Un autre élément puissant dans Mok ya Mok est l'inclusion des paroles sages du défunt roi Hassan II sur l'identité marocaine. «Je pense qu'en regardant simplement l'une de ses interviews, vous réalisez qu'il n'était pas n'importe qui. Il a marqué son temps et continue de le faire. Les choses qu'il a dites il y a 40 ans sont encore valables aujourd'hui», a déclaré Benny.

Benny Adam a encore beaucoup à offrir, avec d'autres collaborations avec des artistes de la scène Chaabi à l'horizon. «Je ne peux pas en dire plus pour l'instant, mais il y a encore des choses à venir», confie-t-il.

HalteAuxFautes
Date : le 21 avril 2025 à 22h18
Faut lire quand au lieu de quant (impossible de modifier le message original pour correction, bizarre )
Citation
HalteAuxFautes à écrit:
Mok Ya Mok ?? Rien que le titre indique le niveau. J’ai écouté pour voir, c’est de la musique ça ? Quant la racaille usurpe l’identité marocaine ça me dégoûte.
HalteAuxFautes
Date : le 20 avril 2025 à 07h49
Mok Ya Mok ?? Rien que le titre indique le niveau. J’ai écouté pour voir, c’est de la musique ça ? Quant la racaille usurpe l’identité marocaine ça me dégoûte.
Berkshire
Date : le 20 avril 2025 à 02h12
Rien à voir avec les droits de l’homme et la liberté d’expression, désolé. Tu confonds les choses volontairement pour monter des reproches. Tiens une perche, chez moi c’est Toqtoqa Jabaliya et Ghaita qui font partie de notre patrimoine. Tu peux dire que ce folklore ne plait pas si tu veux tu as le droit smiling smiley
gustavo321
Date : le 20 avril 2025 à 00h42
''Tu peux faire la dissertation la plus longue que tu veux sur Chaabi, le constat est là: ça NE PLAIT PAS.'' J'admire ton ouverture d'esprit et ton sens du dialogue! ... Et c'est toi qui a décidé tout seul que ''le Chaabi ça ne plaît pas''? La Ayta, si je me limite a ce seul style populaire et enraciné dans notre patrimoine culturel, et autres styles qui font la réputation et la célébrité de ce Chaabi que tu méprises, ne plairaient donc pas ? Et ne s'exportent pas? A ce propos il faudrait donc que ces formes d'expression populaires s'exportent et plaisent à l'étranger pour justifier a tes yeux leur qualité et leur authenticité? ... D'ailleurs es-tu sur que des courants musicaux comme la Ayta, ou encore la musique gnawi, qui restent des composantes importantes de cette musique Chaabi, ne s'exportent pas, ne plaisent pas? ... Je suis consterné et déçu de voir comment toi, qui souvent est tellement prompt a brandir les slogans des droits de l'homme et de la liberté d'expression, tu fais preuve d'autant d'intolérance et de mépris face a des expressions musicales qui restent, quoi que tu en dise, aussi authentiques que représentatives d'une réalité culturelle authentique et profondément enracinée dans la société marocaine d'aujourd'hui ...
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Berkshire à écrit:
1- Ce n’est pas du mépris c’est la franchise et aussi un ras-le-bol de voir le pays mal “représenté”. 2- si tu estimes que le Rap fait partie de l’identité marocaine … alors excuse moi no comment je m’arrête là 3- le Chaabi est très mauvais représentant de la culture marocaine, ça ne plait pas en dehors du Maroc (peut être un peu en Algérie, et un tout petit peu en Tunisie) ça ne s’exporte PAS. Présenter le Maroc à travers Chaabi à l’international (c’est le sujet ici) à un public d’une autre culture NE PREND pas. Ni en occident, ni en Asie ni nulle part en dehors du Maroc et des MRE: Les personnes d’autres cultures te diront tous que c’est “lassant” (on m’a sorti ce terme exact plusieurs fois). Tu peux faire la dissertation la plus longue que tu veux sur Chaabi, le constat est là: ça NE PLAIT PAS. On a plein d’autres styles pourtant plus beaux les uns que les autres, qui plaisent aux autres cultures et donnent une plus belle image, pourquoi insister sur CE style là et l’imposer alors qu’il ne plait pas.
Berkshire
Date : le 19 avril 2025 à 21h28
1- Ce n’est pas du mépris c’est la franchise et aussi un ras-le-bol de voir le pays mal “représenté”. 2- si tu estimes que le Rap fait partie de l’identité marocaine … alors excuse moi no comment je m’arrête là 3- le Chaabi est très mauvais représentant de la culture marocaine, ça ne plait pas en dehors du Maroc (peut être un peu en Algérie, et un tout petit peu en Tunisie) ça ne s’exporte PAS. Présenter le Maroc à travers Chaabi à l’international (c’est le sujet ici) à un public d’une autre culture NE PREND pas. Ni en occident, ni en Asie ni nulle part en dehors du Maroc et des MRE: Les personnes d’autres cultures te diront tous que c’est “lassant” (on m’a sorti ce terme exact plusieurs fois). Tu peux faire la dissertation la plus longue que tu veux sur Chaabi, le constat est là: ça NE PLAIT PAS. On a plein d’autres styles pourtant plus beaux les uns que les autres, qui plaisent aux autres cultures et donnent une plus belle image, pourquoi insister sur CE style là et l’imposer alors qu’il ne plait pas.
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gustavo321 à écrit:
Tu fais ici preuve d'un mépris et d'un manque de tolérance évidents et regrettables ! ... La musique n'a pas de frontières ... Et ce rap et ce rai que tu évoques avec autant de mépris et d'intolérance, sont des véhicules et modes d'expression pour une large population de jeunes, y compris de jeunes marocains. Personnellement mes goûts musicaux sont beaucoup plus classiques, même s'ils demeurent marqués par une grande ouverture. Je prend autant de plaisir a écouter le requiem de Mozart, une toccata de Bach, qu'une chanson d'Oum Keltoum, ou un bon vieux blues de Chicago ou du Mississippi. De même j'ai grand plaisir à écouter du Chaabi Marocain. Nous avons au Maroc, et sous l'intitulé ''chaabi'' des trésors musicaux et culturels qui gagneraient a être mieux diffusés et connus. Bref, et sans trop m'étaler sur ce sujet (je pourrais faire des dissertations dessus ...) ''l'identité marocaine'', aujourd'hui, se décline et s'exprime également a travers rap et Chaabi, et il n'y a pas de raison d'afficher un tel mépris a leur endroit. Enfin, ce mépris est offensant et dommageable vis-à-vis du parcours et du combat de nombreux jeunes marocains (mais pas que) ayant fait (ou subi?) le parcours difficile (du combattant) qu'est l'immigration, et qui ont choisi ces modes d'expression que sont le rap ou le chaabi pour exprimer et raconter ce parcours. D'autant plus que Benny Adam contribue de manière active (et apparemment avec réussite) a faire connaître un pan de notre patrimoine musical ''chaabi'' ... Style qui est loin d'être ''bas de game'' et ''médiocre''! ...
gustavo321
Date : le 19 avril 2025 à 20h56
Tu fais ici preuve d'un mépris et d'un manque de tolérance évidents et regrettables ! ... La musique n'a pas de frontières ... Et ce rap et ce rai que tu évoques avec autant de mépris et d'intolérance, sont des véhicules et modes d'expression pour une large population de jeunes, y compris de jeunes marocains. Personnellement mes goûts musicaux sont beaucoup plus classiques, même s'ils demeurent marqués par une grande ouverture. Je prend autant de plaisir a écouter le requiem de Mozart, une toccata de Bach, qu'une chanson d'Oum Keltoum, ou un bon vieux blues de Chicago ou du Mississippi. De même j'ai grand plaisir à écouter du Chaabi Marocain. Nous avons au Maroc, et sous l'intitulé ''chaabi'' des trésors musicaux et culturels qui gagneraient a être mieux diffusés et connus. Bref, et sans trop m'étaler sur ce sujet (je pourrais faire des dissertations dessus ...) ''l'identité marocaine'', aujourd'hui, se décline et s'exprime également a travers rap et Chaabi, et il n'y a pas de raison d'afficher un tel mépris a leur endroit. Enfin, ce mépris est offensant et dommageable vis-à-vis du parcours et du combat de nombreux jeunes marocains (mais pas que) ayant fait (ou subi?) le parcours difficile (du combattant) qu'est l'immigration, et qui ont choisi ces modes d'expression que sont le rap ou le chaabi pour exprimer et raconter ce parcours. D'autant plus que Benny Adam contribue de manière active (et apparemment avec réussite) a faire connaître un pan de notre patrimoine musical ''chaabi'' ... Style qui est loin d'être ''bas de game'' et ''médiocre''! ...
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Berkshire à écrit:
Le rap et le chaabi pour célébrer l’identité marocaine !!! Le plus mauvais cocktail possible …. N’importe quoi cet entretien. “l’identité marocaine” est au dessus de ses moyens visiblement. Arrêtez de promouvoir la médiocrité, on a pourtant tellement de talents et de styles plus civilisés et plus rayonnants que ces deux styles bas de gamle. Yalateef
Berkshire
Date : le 19 avril 2025 à 14h42
Le rap et le chaabi pour célébrer l’identité marocaine !!! Le plus mauvais cocktail possible …. N’importe quoi cet entretien. “l’identité marocaine” est au dessus de ses moyens visiblement. Arrêtez de promouvoir la médiocrité, on a pourtant tellement de talents et de styles plus civilisés et plus rayonnants que ces deux styles bas de gamle. Yalateef
Dernière modification le 21/04/2025 22:18
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