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Grand Angle  

France : Des ouvriers agricoles marocains dans les griffes de l’esclavage moderne

Dans les régions agricoles en France, les saisonniers marocains sont de plus en plus nombreux à dénoncer des conditions de travail ayant tout de la traite des être humains, après avoir été escroqués sur l’achat de leur contrat et le niveau de vie allant avec. Dans une récente enquête, StreetPress a révélé les pratiques d’un exploitant de pommes proche de l’extrême droite. Mais il ne s’agirait pas d’un cas particulier.

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Temps de lecture: 3'

Connu pour ses exploitations de pommes, le Lot-et-Garonne dans sud-ouest de la France est une destination pour les travailleurs saisonniers. Parmi eux, les ressortissants marocains sont nombreux à acheter des contrats pour travailler dans les champs. Dans une récente enquête, StreetPress a révélé les pratiques d’escroquerie et d’esclavage moderne de l’un des exploitants connus de la région. Proche de l’extrême droite, le propriétaire agricole à la sortie de Villeneuve-sur-Lot verse un salaire dérisoire à ses ouvriers, bien en-deçà du minimum, tout en offrant à une trentaine parmi eux un espace insalubre et exigu en guise d’hébergement.

Le média français a recueilli le témoignage à visage découvert de l’une des victimes marocaines du propriétaire. Originaire du nord du Maroc, l’ouvrier a travaillé dans les mêmes conditions inhumaines pendant vingt ans, en réunissant les preuves des faits qu’il dénonce. Documents, photos, vidéos, enregistrements et contrats de travail à l’appui, StreetPress a également cherché à confronter les mis en cause à leurs irrégularités.

Ayant fait de nombreuses victimes, l’exploitant de pommes aurait fait payer à plusieurs saisonnier 14 000 euros par contrat à partir du Maroc, par le biais d’un intermédiaire marocain, lui-même ancien saisonnier.

Selon les témoignages, les heures de travail pouvaient atteindre 11 à 12 par jour sur les champs. Les ouvriers font état de faux montants sur leurs fiches de paie et de montants qui ne seraient perçus qu’à la fin de la saison, après des mois de travail.

Un syndicaliste influent de la Coordination rurale

L’employeur en question ne serait autre qu’un syndicaliste, du nom d’Alain Aunac. Il siège en tant qu’élu de la Coordination rurale (CR) au sein de la Mutualité sociale agricole de Dordogne et Lot-et-Garonne. La CR est connue notamment pour ses protestations violentes, dénonçant les traités de libre-échange, les normes européennes ou la flambée des prix, avec un discours résolument à l’extrême droite.

Lors des récentes élections aux chambres d’agriculture, la CR a d’ailleurs réalisé une percée en arrivant en tête du vote dans 14 départements. Le Lot-et-Garonne en est un bastion historique, où l’exploitant fait littéralement sa loi.

Cette notoriété a réduit beaucoup d’autres victimes au silence, tandis que certaines ont témoigné anonymement auprès du média. «J’ai toujours travaillé avec les Marocains, mais pas forcément avec eux, dans la même équipe. S’il faut venir travailler le samedi, ils le font. S’il faut venir travailler le dimanche, ils le font aussi», a déclaré l’une des anciennes saisonnières.

Remontant l’origine de l’escroquerie à travers laquelle les travailleurs sont attirés, StreetPress évoque des documents vendus illégalement, qui permet de fournir une autorisation de travail légale délivrée par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).

Les langues se délient

Certaines victimes marocaines ont désormais porté plainte pour traite d’êtres humains. En attendant qu’une enquête mette la lumière sur les faits, les interrogations demeurent sur si l’exploitant agricole était bien au courant des sommes demandées par l’intermédiaire et si oui, pourquoi il n’aurait pas réagi.

Toujours est-il que ce cas n’est pas isolé dans le département et dans la région, puisqu’en décembre, une agricultrice a été condamnée par le tribunal d’Agen à trois ans de prison et 50 000 euros d’amende, pour traite d’êtres humains. Par ailleurs, un couple a été placé en détention, après la plainte de 22 personnes pour les mêmes raisons.

En février dernier, trois ouvriers agricoles marocains ont par ailleurs poursuivi leur employeur pour escroquerie de 14 000 euros également, faute d’avoir touché leur salaire depuis leur arrivée en France pour travailler dans les propriétés viticoles du Libournais (Gironde).

Les trois plaignants ont travaillé dans plusieurs propriétés auxquelles ils ont été envoyés à chaque fois par le mis en cause, qui ne les aurait jamais rémunérés.

Berkshire
Date : le 15 avril 2025 à 09h00
Bravo à cette jeune journaliste Lina (origine Marocaine ??) pour son enquête. Maintenant l’affaire est entre les lains du procureur, la justice fera le nécessaire et condamnera et compensera selon les responsabilités et les préjudices subis. Il est possible que ces ouvriers obtiennent des indemnisations assez conséquentes s’ils obtiennent gain de cause. Et espérons aussi que l’enquête déterminera la partie du calvaire qui a démarré au Maroc avec ces ventes de contrats et les intervenants marocains (semsara, encore et toujours). Quant à une possible intervention du ministre marocain des affaires étrangères, il faut oublier car d’abord il n’intervient jamais pour secourir les MRE à l’étranger, et ensuite il risque de se voir reprocher les conditions des travailleurs agricoles marocains au Maroc et là ça va faire très très mal. D’ailleurs ce serait utile pour notre journaliste de faire une enquête journalistique similaire dans quelques expoiltations marocaines, mais elle ne pourra pas, et si jamais elle y arrive -par miracle- elle sera poursuivie pour diffamation par les exploitants, et par le code pénal même pas le code de la presse.
An altruistic man
Date : le 14 avril 2025 à 20h35
cela incombe aux bons soins du ministère de l'agriculture ,puis au MAE étant responsable aussi bien des affaires des MRE;
Dernière modification le 15/04/2025 09:00
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