«La société marocaine est aussi appelée à se départir de la pratique d’employer de jeunes filles en tant que domestiques» affirme l’UNICEF dans un communiqué publié, hier, jeudi 8 mars. L’organisation des Nations Unies réagit à l’annonce de la mort d’une enfant de 14 ans, employée comme «petite bonne» à Agadir et probablement morte sous les coups de ses employeurs, dimanche 24 mars.
La jeune fille, a été admise la veille au service des urgences de l’hôpital Hassan II avant de succomber à de graves brûlures au thorax, au visage et aux mains. Le site d’information agadir24.info rapporte que ce sont les médecins qui ont alerté la police à la suite du premier diagnostic de l'enfant qui travaillait chez un gendarme marié à une institutrice. Ses brûlures n’étaient pas récentes. Apparemment, le couple aurait essayé de soigner la mineure dans leur maison en vain. Ce n’est qu'après qu’ils auraient décidé de l’emmener à l’hôpital.
Tentative de suicide
«Ce drame vient s’ajouter à une série d’événements malheureux similaires qui ont marqué l’actualité de manière régulière durant les derniers mois», explique le communiqué de l’UNICEF. Le mercredi 9 janvier, une très jeune femme, employée de maison à Casablanca, tentait pour la deuxième fois de sa vie de se suicider après avoir travaillé depuis ses 14 ans dans différentes familles. Son histoire avait ému le Maroc car un film la montrant en train de sauter du 5 étage d’un immeuble avait largement circulé sur le web.
«L’UNICEF interpelle l’ensemble des acteurs, gouvernement, parlement, administrations, société civile, médias, … à considérer que l’abolition effective du travail des enfants et particulièrement les pires formes de travail et de la violence contre les enfants est une nécessité morale qui doit être respectée, promue et réalisée», exige le communiqué.
Projet de loi dans les placards
Au Maroc, les associations et organisation préoccupées par le sort de ces adolescentes sont nombreuses. L’Insaaf, la Fondation Orient occident et l’UNICEF, pour ne citer qu’elles, aident ces enfants mais restent largement démunies devant l’ampleur du phénomène et le silence général. «Nous considérons que le travail domestique des petites filles représente une des pires formes d’exploitation des enfants. Le phénomène est toujours d’actualité, mais reste très peu identifié, vu son caractère invisible et le manque de chiffres et données actualisées sur son ampleur», souligne Aloys Kamuragiye, représentant de l’UNICEF au Maroc.
Le précédent gouvernement d'Abbas Al Fassi, par le biais de son ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle, avait pris l’initiative d’élaborer un projet de loi (n° 06-34) régissant le travail des domestiques et surtout interdisant l’emploi de jeunes filles de moins de 15 ans, explique Le Matin. Le projet avait été adopté par le Conseil des ministres le 9 octobre 2011 et il ne lui restait plus que l’étape de l’adoption au Parlement, or le nouveau gouvernement a retiré la loi du Parlement pour la réétudier. Depuis, plus de nouvelles. Aloys Kamuragiye estime que le projet de loi sur le travail domestique pourrait offrir un début de cadre légal protecteur pour bannir le travail des enfants en tant que domestiques et encourage le gouvernement et le parlement à accélérer son adoption.