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Grand Angle

Influenceurs ou journalistes : qui façonne l'opinion publique au Maroc ?

À une époque où les réseaux sociaux dominent la formation de l'opinion publique, une question se pose : le journalisme traditionnel joue-t-il encore son rôle de contre-pouvoir, ou les influenceurs sur des plateformes comme Instagram et TikTok ont-ils pris sa place ? Ces influenceurs offrent un contenu attrayant pour le public, mais manquent souvent de normes journalistiques.

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Temps de lecture: 4'

À l'ère numérique actuelle, les réseaux sociaux sont devenus des outils incontournables pour façonner l'opinion publique, transformant ces plateformes en véritables arènes où journalistes et influenceurs se disputent l'attention des internautes. Longtemps considéré comme le quatrième pouvoir, ou plutôt un contre-pouvoir, le journalisme fait face à un défi inédit : l'essor des influenceurs et créateurs de contenu, qui captent désormais un large public, notamment parmi les jeunes. Alors que les journalistes ont l'exigence de rester fidèles à l'éthique de leur profession, axée sur l'exactitude et les enquêtes rigoureuses, les influenceurs sont davantage motivés par l'attrait des followers et la viralité sur les réseaux sociaux. Dans ce contexte, une question se pose : qui, aujourd'hui, façonne réellement l'opinion publique ?

L'influence des journalistes et des influenceurs : rôles et responsabilités distincts

Alors que la compétition s'intensifie entre journalistes et influenceurs, Rime Taybouta, journaliste à «L'Opinion», souligne que le journalisme repose sur des bases solides. «Si les influenceurs jouissent d'une liberté sans contrainte pour aborder les sujets, les journalistes, eux, restent engagés dans des pratiques professionnelles rigoureuses», affirme-t-elle.

Selon elle, l'impact de chaque groupe sur l'opinion publique varie selon le public cible. Les personnes éduquées, habituées à suivre un journalisme professionnel et fiable, «ne sont pas facilement influencées par le contenu des influenceurs. À l'inverse, les jeunes, qui consomment l'information via les réseaux sociaux, sont plus sensibles au contenu des influenceurs en raison de leur proximité et de leur interaction constante».

Dans ce contexte, émerge le concept de «journaliste influent», qui allie la précision journalistique à l'attrait des influenceurs. «Ce modèle permet à certains journalistes de toucher un public plus large, en particulier parmi les jeunes, renforçant ainsi le rôle du journalisme à l'ère numérique», explique-t-elle.

«La relation entre un journaliste et un influenceur est comparable à celle entre un dentiste et un technicien dentaire : le premier suit des étapes précises avant un diagnostic ou une intervention, tandis que le second résout le problème en une seule séance. Le résultat peut sembler similaire, mais le niveau de risque diffère considérablement. C'est la différence entre un journaliste et un influenceur. Malgré une certaine concurrence, celle-ci est inégale. Cependant, leur influence et leur présence ne peuvent être ignorées.»

Rime Taybouta

Influenceurs et journalisme : face aux pressions et défis

Malgré cette concurrence, le journaliste conserve son rôle distinctif, selon Marouane Harmach, expert en communication numérique. Il souligne la transformation radicale du paysage médiatique. «Autrefois, le journaliste était l'unique source de discussion publique et d'analyse médiatique. Aujourd'hui, ce rôle est partagé avec les influenceurs actifs sur les réseaux sociaux, changeant ainsi les règles du jeu.»

Harmach ajoute que le journalisme reste une profession régie par des normes strictes. Contrairement aux règles du journalisme, les influenceurs négligent souvent la vérification des faits ou l'analyse des contextes sociaux et politiques. Cette différence de responsabilités rend le journalisme plus fiable et précis, contrairement à un contenu parfois axé sur la recherche de vues plutôt que sur l'exactitude.

Un exemple illustrant cette disparité est l'affaire de Salma, qui a suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux. La jeune fille de 19 ans, agressée par une camarade du même âge, a été de nouveau menacée après le procès de son agresseur. De nombreux influenceurs ont lancé le hashtag #WeAreAllSalma pour exiger la protection de la victime. Cette mobilisation rapide, associée à la couverture médiatique, a poussé les autorités à agir rapidement, menant à l'arrestation de l'agresseur.

Bien que cette campagne ait été efficace pour faire pression sur les autorités, elle soulève des questions sur le rôle du journalisme dans le traitement des questions juridiques et sociales. Les influenceurs ont-ils joué un rôle clé, ou le journalisme a-t-il été plus déterminant en fournissant des analyses et des rapports objectifs ? Cela met en lumière l'écart entre un journalisme opérant dans des cadres légaux et éthiques, et des influenceurs parfois prêts à sacrifier l'exactitude pour des vues.

Redéfinir le journalisme à l'ère numérique

Marouane Harmach souligne également que «le problème avec l'influence des influenceurs réside dans l'absence de régulations claires de leur activité. Tandis que les journalistes doivent présenter des documents officiels et des accréditations, les influenceurs peuvent toucher des millions sans engagement légal ou éthique.»

Il est urgent, selon lui, de mettre en place des cadres juridiques pour réguler les créateurs de contenu, surtout que cette pratique est devenue une source de revenus reconnue. Les annonceurs traitent désormais avec eux officiellement. Ils doivent donc bénéficier d'un statut juridique clair et être tenus responsables devant l'État et la société.

«Le journalisme reste un pilier essentiel de la société, malgré les transformations médiatiques. Nous avons vécu des décennies sans influenceurs, mais le journalisme a toujours été fondamental pour transmettre la vérité et éclairer l'opinion publique.»

Marouane Harmach

L'expert conclut sur une note optimiste : «Les journalistes ne devraient pas se sentir en compétition car leur statut est totalement différent. À mon avis, la société peut se passer des influenceurs, mais elle ne pourra jamais se passer des journalistes.»

AL MASSIRA
Date : le 10 avril 2025 à 15h04
Je ne vais pas insister. Vous avez bien idéalisé et ce n’es pas la première fois. Un journaliste surtout du Monde mais aussi d’un plateau télé doit être objectif en interne ou à l’international. L’Europe n’est pas le Monde. Et même en interne c’est discutable, je ne vais pas revenir sur ce que j’ai écrit concernant les dérapages qui sont devenus monnaie courante en présence des journalistes mais aussi les amalgames. Jusqu’à nouvel ordre, l’approche concernant l’Islam ou les immigrés ou les problèmes sociaux restent de l’interne. Et c’est dans le sens du vent de l’opinion publique. J’assume tout ce que j’ai dit. Et je ne renie pas. Ce n’est pas dans la nature.
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Berkshire à écrit:
Tu te trompes. Personne n'a idéalisé qui que ce soit, d'où tu sors ça ? quand quelqu'un a globalement une assez bonne note on dit qu'il est assez bon c'est tout !! en quoi c'est révoltant de qualifier un bon de bon, un mauvais de mauvais ??!! En ce qui me concerne, j'ai bien précisé "pour les affaires internes du moins" et j'ai surtout comparé avec le Maroc, et là tu peux dire ce que tu veux, mais on dirait qu'on n'est pas sur la même planète, mais encore une fois SANS IDEALISER l'autre !!!
Berkshire
Date : le 10 avril 2025 à 14h42
Tu te trompes. Personne n'a idéalisé qui que ce soit, d'où tu sors ça ? quand quelqu'un a globalement une assez bonne note on dit qu'il est assez bon c'est tout !! en quoi c'est révoltant de qualifier un bon de bon, un mauvais de mauvais ??!! En ce qui me concerne, j'ai bien précisé "pour les affaires internes du moins" et j'ai surtout comparé avec le Maroc, et là tu peux dire ce que tu veux, mais on dirait qu'on n'est pas sur la même planète, mais encore une fois SANS IDEALISER l'autre !!!
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"AL MASSIRA" à écrit:
Il faut arrêter avec cette idéalisation de la presse française. Cela fait 44 ans que je vis dans ce pays et je connais bien leurs lignes politiques et leurs volt faces. Sur le fond ils sont calés sur la ligne politique de Matignon, de l'Elysée et des partis politiques. Pour preuve, leur position sur le racisme, l'islamophobie ou Israël. Je donne juste leur position sur Gaza. Dans tous les journaux et je dis bien tous les journaux sans aucune exception il prennent deux secondes pour parler de 30 ou 100 morts à Gaza, comme si c'était des animaux et une demi-heure avec des analystes pour parler d'un ou deux prisonniers israéliens qui plus est sont libérés. Il y a trente ans, on parlait dans une unanimité du front républicain contre le FN. Aujourd'hui on parle du RN de façon banale. Pire je trouve le RN moins islamophobe qu'eux quoi que toujours contre les immigrés. Dans les médias l'Islam est un danger et les musulmans avec leurs millions d'individus sont mis dans le même tas que les intégristes violents. Pire il y a 20 ou 30ans, les dérapages étaient introuvables sur les plateaux ou dans les éditoriaux. Aujourd'hui on peut déraper comme on veut. On trouvera de l'appui derrière, et je ne parle pas que de CNEWS. Cette idéalisation que vous en faites me révolte et me donne l'impression que vous vivez sur la planète Mars. Certes ils sont meilleurs sur certains points qui ne font pas l'unanimité mais leur objectivité et celle d'une opinion publique simpliste et populiste. Et je ne parle pas du rejet des autres cultures qui fait maintenant du paysage journalistique. Des sédiments de colonisation.
AL MASSIRA
Date : le 10 avril 2025 à 13h20
Il faut arrêter avec cette idéalisation de la presse française. Cela fait 44 ans que je vis dans ce pays et je connais bien leurs lignes politiques et leurs volt faces. Sur le fond ils sont calés sur la ligne politique de Matignon, de l'Elysée et des partis politiques. Pour preuve, leur position sur le racisme, l'islamophobie ou Israël. Je donne juste leur position sur Gaza. Dans tous les journaux et je dis bien tous les journaux sans aucune exception il prennent deux secondes pour parler de 30 ou 100 morts à Gaza, comme si c'était des animaux et une demi-heure avec des analystes pour parler d'un ou deux prisonniers israéliens qui plus est sont libérés. Il y a trente ans, on parlait dans une unanimité du front républicain contre le FN. Aujourd'hui on parle du RN de façon banale. Pire je trouve le RN moins islamophobe qu'eux quoi que toujours contre les immigrés. Dans les médias l'Islam est un danger et les musulmans avec leurs millions d'individus sont mis dans le même tas que les intégristes violents. Pire il y a 20 ou 30ans, les dérapages étaient introuvables sur les plateaux ou dans les éditoriaux. Aujourd'hui on peut déraper comme on veut. On trouvera de l'appui derrière, et je ne parle pas que de CNEWS. Cette idéalisation que vous en faites me révolte et me donne l'impression que vous vivez sur la planète Mars. Certes ils sont meilleurs sur certains points qui ne font pas l'unanimité mais leur objectivité et celle d'une opinion publique simpliste et populiste. Et je ne parle pas du rejet des autres cultures qui fait maintenant du paysage journalistique. Des sédiments de colonisation.
Berkshire
Date : le 10 avril 2025 à 11h07
Oui exact. Il y a aussi des journalistes qui ont une crédibilité et une indépendance invariable quelque soit le média pour lesuel ils travaillent, ceux qui n’hésitent pas à démissionner en cas de désaccord avec la direction de rédaction pour sauver leur crédibilité.
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SethG à écrit:
Ul faut rajouter la liste des médias alternatifs en ligne (Blast, le Poste, le Média). Et il y a aussi Le Monde, le seul journal que je lis quotidiennement et qui a des articles qu'on ne retrouvera jamais dans aucun pays arabe.
SethG
Date : le 10 avril 2025 à 07h16
Ul faut rajouter la liste des médias alternatifs en ligne (Blast, le Poste, le Média). Et il y a aussi Le Monde, le seul journal que je lis quotidiennement et qui a des articles qu'on ne retrouvera jamais dans aucun pays arabe.
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Berkshire à écrit:
Si quand même, pour les affaires internes du moins: Les fraudes des ministres ou hauts responsables sont souvent démasqués par la presse, et jugés enqsuite par la justice (Cahuzac, Fillon, procès Sarkozy en ce moment etc …). Rien que Médiapart a fait chuter plein de politiques frauduleux … Au Maroc c’est l’inverse: ce sont les ministres et hommes influents suspectés de fraude qui font tomber les journalistes et les envoie en prison … Malheureusement ce n’est même pas comparable … désolant.
AL MASSIRA
Date : le 10 avril 2025 à 00h01
De mon côté je ferais un commentaire de normand. Les deux sources sont complémentaires et on a besoin des deux. Les sites et publications journalistiques au Maroc comme à l’étranger pour nous informer de façon objective. On a besoin des réseaux sociaux qui affichent leur partialité pour des infos que les journalistes ne veulent pas donner faute de vérification. Ces infos s’avèrent souvent vraies. On aime aussi ces influenceurs car ils sont de notre côté et leur analyses partiales nous font plaisir. Personnellement je fréquente les deux. Ça ne change en aucun cas ma position et mes convictions.
Berkshire
Date : le 09 avril 2025 à 22h51
Si quand même, pour les affaires internes du moins: Les fraudes des ministres ou hauts responsables sont souvent démasqués par la presse, et jugés enqsuite par la justice (Cahuzac, Fillon, procès Sarkozy en ce moment etc …). Rien que Médiapart a fait chuter plein de politiques frauduleux … Au Maroc c’est l’inverse: ce sont les ministres et hommes influents suspectés de fraude qui font tomber les journalistes et les envoie en prison … Malheureusement ce n’est même pas comparable … désolant.
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"Citron pavot7" à écrit:
Le journalisme ne joue plus aucun des deux rôles ... il n'y a plus de véritable journalisme. En France aussi le journalisme ne joue plus aucun rôle.. Enfin, si.. son seul rôle est de faire la pute d'Israël.
Stephaniedemounaco
Date : le 09 avril 2025 à 22h38
Quand je tape actualités sur le net Jai l'actualité de tout sauf Gaza Faut que je tape Gaza pour avoir l'actualité de Gaza Bientôt y aura un Google à part pour gaza
Citron pavot7
Date : le 09 avril 2025 à 22h31
Le journalisme ne joue plus aucun des deux rôles ... il n'y a plus de véritable journalisme. En France aussi le journalisme ne joue plus aucun rôle.. Enfin, si.. son seul rôle est de faire la pute d'Israël.
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Berkshire à écrit:
"Longtemps considéré comme le quatrième pouvoir, ou plutôt un contre-pouvoir ..." Pas au Maroc, le journalisme ne joue plus aucun des deux rôles ... il n'y a plus de véritable journalisme ...
Berkshire
Date : le 09 avril 2025 à 22h22
"Longtemps considéré comme le quatrième pouvoir, ou plutôt un contre-pouvoir ..." Pas au Maroc, le journalisme ne joue plus aucun des deux rôles ... il n'y a plus de véritable journalisme ...
Dernière modification le 10/04/2025 15:04
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