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Grand Angle

Maroc 2013 : Le Plan Emergence prend du retard

Le Maroc est aujourd’hui à mi-parcours de la réalisation de son plan Emergence lancé et 2005 et revu en 2009. Les objectifs annoncés pour 2015 risquent de ne pas être atteints et les «réalisations, à ce stade, sont même très décevantes», estime Guillaume Almeras.

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Au lieu de progresser, les exportations textiles régressent. /Dr
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«A mi parcours, aujourd’hui, il semble que les objectifs du Plan Emergence ne seront pas atteints», prévoit Guillaume Almeras, dans une tribune publiée sur Econostrum, aujourd’hui, mardi 19 mars. Consultant international sur les questions de développement économique et financier, associé au groupe d’analyse de JFC Conseil, il rappelle que «Les exportations marocaines représentent 35% de son PIB, contre 57% en Tunisie et 49,5% en moyenne pour les pays MENA».

Le Plan Emergence marocain, voulu par le roi, lancé en 2005, actualisé en 2009 sous la forme du «Pacte national pour l’émergence industrielle» que l’on connaît aujourd’hui, fixe des objectif précis en terme de contribution au PIB, d’exportation et d’emploi, à l’horizon 2015, pour 6 secteurs de l’économie considérés comme ayant une fort potentiel de croissance : l’aéronautique, l’offshoring, l’agro-alimentaire, le textile, l’électronique, l’automobile.

Un quart des exportations réalisées

«Les réalisations à ce stade sont même décevantes», estime Guillaume Almeras. «Au total, le Plan vise 50 milliards DH de PIB industriel supplémentaire en 2015. 28,4 milliards ont déjà été réalisés (56,8%). Mais par rapport au supplément d’exportations de 95 milliards également attendus, seuls 24,3 ont pu être trouvés à ce stade (25,5%)», explique-t-il. En matière d’emploi, entre 35,4 et 44% des objectifs ont été réalisés selon les chiffres.

Pour chaque secteur, les degrés de réalisations sont différents. «Les filières automobile et aéronautique ne sont tirées que par deux entreprises étrangères (Renault et Bombardier). Les équipementiers de rang 1 n’ont pas suivi», explique-t-il. L’aéronautique a rempli 80% de ses objectifs fixés en 2005 en nombre d’emplois créés et 55% pour l’offshoring. En dehors de ces deux secteurs, tous les autres sont en retard. Le secteur automobile n’a créé, depuis 2009, que 31 500 emplois sur les 70 000 prévus d’ici 2015. L’électronique seulement 4000 sur les 9000 annoncés.

Mêmes si les objectifs du plan ne sont pas totalement atteints, du moins ces 6 secteurs de l’économie ont-ils créé 21 000 emplois l’an dernier, selon Guillaume Almeras. Parallèlement, «l’industrie a perdu 24 000 emplois nets en 2012. Or les Métiers Mondiaux du Plan ont créés 21 000 emplois l’année dernière. Il faut donc admettre que 45 000 emplois industriels ont été perdus hors secteurs du Plan», souligne-t-il.

Dévaluation : Solution à double tranchant

Des secteurs économiques privilégiés qui ne sont pas totalement à la hauteur, d’autres qui sont en perte de vitesse, «rien que de très normal au fond car, tout en suivant l’exemple des tigres asiatiques, le Maroc n’a pas usé de l’arme principale de ces derniers : la dévaluation massive, qui seule pouvait compenser le coût du travail relativement élevé du pays», estime l’analyste.

En dévaluant sa monnaie, le Maroc pourrait exporter plus aisément puisque, pour un acheteur étranger, les marchandises marocaines reviendraient moins chères. Le débat sur la dévaluation revient très régulièrement au Maroc face à la faiblesse du volume des exportations, mais Bank Al Maghrib, la banque centrale marocaine, refuse catégoriquement d’y recourir. La dévaluation aurait aussi pour conséquences de renchérir le prix de tous les produits étrangers consommés au Maroc.

Le bénéfice en termes de croissance et d’emploi au niveau national serait-il capable de compenser l’inflation qui viendrait réduire le pouvoir d’achat des ménages marocains ? D’autant que la dévaluation viendrait aggraver le problème de la caisse de compensation qui s’évertue déjà, à coup de milliards de dirhams, à maintenir les prix marocains de certains produits au Maroc en deçà de leur prix sur les marchés internationaux.

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