L’Association pour le droit et la justice au Maroc prépare pour le ministère français de la Justice un document complet récapitulant toutes les affaires de détournements d’héritages et de spoliations immobilières au Maroc dont elle s’occupe. Objectif : obtenir qu’un mot soit glissé en leur faveur lors de la visite de François Hollande au Maroc les 3 et 4 avril.
L’association, fondée mi-février, regroupe un peu moins d’une vingtaine de personnes, françaises pour la plupart mais aussi espagnoles et italiennes, victimes dans des affaires de détournement d’héritage, de spoliations immobilières au Maroc. «Dans mes recherches pour obtenir justice, explique Alexandro Segarra, président de l’association, qui estime que sa famille est victime du détournement de l’héritage de son grand père, j’ai rencontré Me Sonier et son assistant juridique Moussa Elkhal. Là, j’ai compris que le combat que je menais de mon côté, d’autres personnes le menaient presque à l’identique de leur côté.»
Hollande en visite au Maroc
12 personnes, toutes impliquées dans des affaires judiciaires au Maroc, s’estimant victimes de détournement, pour la plupart, se réunissent pour allier leurs forces. «Séparément, nous avancions assez peu, faute de trouver des personnes de confiance et d’être sur place, de connaître les ficelles», explique Alexandro Segarra.
Se rassembler en association a eu un effet presque immédiat : obtenir d’être reçu au ministère de la Justice en France. «Au début, on nous objectait que le Maroc était un pays souverain, que les affaires dont nous parlions étaient exclusivement du ressort de la justice marocaine, et qu’il lui était impossible de faire quoique ce soit raconte-t-il. «Nous avons été entendu à partir du moment où nous avons dit que la France et l’Europe investissait massivement au Maroc et qu’à investir dans un milieu corrompu on risquait d’y perdre des plumes», achève-t-il.
Association espagnole
Un discours qui rappelle beaucoup celui d’une autre association ; espagnole, celle-ci : l’AAEM, Association des Affectés par l’Extorsion au Maroc. Elle regroupe plus d’une vingtaine d’entrepreneurs espagnols engagés, eux aussi, dans des procédures judiciaires au Maroc. Ils s’estiment victimes d’extorsion et se sont alliés dans l’espoir d’obtenir gain de cause auprès de la justice marocaine.
En France, l’association Droit est justice compte, notamment parmi ses membres, Gérard Bénitah et Anouk Garcia dont nous avons raconté les déboires sur Yabiladi.com. Le premier accuse une petite bande mafieuse d’avoir produits de faux testaments pour lui voler l’héritage de son oncle et de sa tante, en 2007. 4 hommes ont été arrêtés à Casablanca en octobre, l’an dernier, alors que l’un d’entre eux, Mustapha Him a été condamné en France pour trafic de drogue à 3 ans de prison ferme en France et qu’un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui.
Aujourd’hui, l’Association pour le droit et la justice au Maroc reçoit de nouvelles adhésion. «Nous avons été impressionnés par le nombre de personnes qui nous ont contacté depuis la formation de l’association et qui se trouvent dans des situations similaires», explique Alexandro Segarra.