En février dernier, I. K., un athlète algérien de 14 ans, était venu au Maroc pour participer à un stage de planche à voile organisé à Agadir, dans le sud du royaume, mais n’en est jamais reparti. L’adolescent est détenu, depuis le 13 du même mois, dans un centre pour mineurs, à Agadir et doit justifier d’une lourde inculpation qui pèse contre lui. Il est, en effet, accusé d’avoir agressé sexuellement un Marocain, qui était inscrit avec lui au même stage. Il risque entre 5 et 20 ans de réclusion, a fait savoir, mardi, Jeuneafrique.com.
Aucune version officielle n’existe sur cette affaire. Selon Jeune Afrique, tout a commencé le mercredi 13 février. Ce jour-là, Ryad (le prénom a été changé), 12 ans, appelle son père, un ex-officier des Forces armées royales (FAR), et lui fait savoir qu’il a été victime, deux jours plus tôt, d’agression sexuelle dans une chambre de l’hôtel Marhaba de la part d’un Algérien. Le père se déplace alors à Agadir et alerte la police locale. I.is est rapidement interpellé, puis interrogé dans un commissariat de la ville.
Tout est allé si vite, indique la même source. «Dépôt de plainte, visite chez le médecin, rendez-vous chez le pédopsychiatre… Sur réquisition du procureur du roi, un juge d’instruction ordonne la mise sous mandat de dépôt, dans un centre de détention pour mineurs d’Agadir du jeune algérien avant de l’inculper pour agression sexuelle». Selon le père de l’enfant marocain, contacté par Jeune Afrique, l’ambassade de l’Algérie au Maroc l’aurait contacté pour le convaincre de retirer sa plainte, en vain. «J’ai refusé, car la douleur de mon fils et l’honneur de la famille ne se marchandent pas. Ryad a repris l’école mais il est aujourd’hui suivi par un psychiatre qui a diagnostiqué chez lui un stress très aigu», explique-t-il.
Pas d'agression sexuelle selon la défense
Côté algérien, les accusations portées contre Islam ne sont pas crédibles. Selon l’un de ses avocats, le dossier d’accusation est «tout simplement vide». «Le certificat médical atteste que la victime présumée n’a pas été agressée sexuellement», affirme Me Fouad Ghoulemallah, cité par la même source. Mais ce n’est pas tout. Pour la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), Islam aurait «subi un interrogatoire sans assistance légale, notamment diplomatique ou parentale».
«Présenté devant un juge d'instruction, celui-ci a été mis immédiatement sous mandat de dépôt et placé dans un centre de rééducation pour mineurs en violation des dispositions de l'article 460 de la loi marocaine relative aux mineurs qui exclut ce type de mesure dès lors qu'il a un garant pour toute représentation judiciaire», déplore la LADDH dans un communiqué relayé par le quotidien algérien L’Expression. Les autorités marocaines n’ont pas encore répondu à ces accusations. Quoi qu’il en soit, la première audience du procès, prévue pour mardi 12 mars, a été reportée à mardi prochain par le tribunal chargé de l'affaire.