La campagne nationale de don de sang se poursuit au Maroc jusqu’au 24 mars prochain. Le Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) s’attend à ce que 40 000 personnes fassent escale à l’un de ses centres au Maroc pour donner 450 millilitres de leur sang. Le tout premier donneur n’a été que le Roi Mohamed VI, vendredi dernier lors du lancement de la campagne. Les vidéos et photos ont fait le tour du net. Cependant, au-delà de l’aspect symbolique de cette image, se cache la réalité. Les Marocains ne sont pas généreux lorsqu’il s’agit de donner leur sang. D’après les chiffres du ministère marocain de la Santé, 0.85% de la population totale marocaine donne son sang. C’est très peu. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise que 3 % de la population d’un pays donne son sang pour s’auto-suffire. A titre de comparaison, 5% de la population américaine donne son sang aujourd’hui.
Peur des maladies transmissibles
La principale grande raison qui freine les Marocains à donner leur sang est la peur. «Les gens ont non seulement peur de la douleur de la piqure mais ils ont surtout peur d’attraper des maladies transmissibles avec l’aiguille plantée dans leur bras», nous explique un employé du Centre National de Transfusion Sanguine qui a souhaité conserver l’anonymat. «Lorsqu’une personne vient donner son sang, elle tient absolument à voir l’aiguille et le kit de prélèvement neufs et sortis de leur emballage pour se rassurer», ajoute l’employé. «Les kits que nous utilisons sont des kits fermés accrédités par des organismes internationaux. C’est très simple, si ce n’est pas marqué CE dessus [ndlr respectant la législation européenne], ça ne rentre pas au Maroc», explique Raouf Alami, directeur de la qualité au CNTS. Il ajoute que les kits sont soumis à des appels d’offre et qu’ils proviennent également du Japon ou des USA.
En plus d’avoir peur d’attraper une maladie transmissible, certains Marocains craignent également qu’en donnant leur sang, ils deviennent malades et faibles. «Souvent nous avons des gens qui nous disent qu’ils ont peur de devenir anémiques. On leur répond que le corps humain possède 5 litres de sang et que le liquide est rapidement régénéré par l’organisme en 24 heures» précise l’employé. Il ajoute qu’après chaque prélèvement, l’équipe médicale donne une petite collation au donneur composée d’une bouteille d’eau, de lait et de biscuits pour reprendre des forces.
Enfin la troisième raison est que le don du sang n’est pas encore ancré dans la culture marocaine. C’est pourquoi, le CNTS invite régulièrement des écoliers et collégiens à visiter les centres de dons de sang pour leur expliquer à quoi cela sert de donner son sang et à les habituer à cette pratique.
Et après ?
Néanmoins, une fois la campagne de don du sang passée, que se passe-t-il ? C’est là, la principale préoccupation du CNTS. Ce dernier a du mal à fidéliser les gens pour qu’ils reviennent redonner leur sang le restant de l’année. «Un homme peut donner son sang jusqu’à 5 fois par an, une femme jusqu’à 3 fois par an», tient à insister notre source. Après un don du sang, trois éléments sont prélevés du liquide : les globules rouges, le plasma et les plaquettes. Ces dernières n’ont qu’une durée de vie de 5 jours seulement. C’est pourquoi les dons du sang doivent se faire régulièrement pour renouveler le stock des plaquettes.