Mehdi Hijaouy, un Marocain de 52 ans présenté comme étant «le numéro 2» de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), a fui le Maroc. Après un séjour en France, il a jeté l'ancre en Espagne il y a quelques mois, indique le quotidien espagnol El Confidencial.
Le média ibérique affirme que Hijaouy «a eu l’opportunité de suivre des formations de très haut niveau, au Maroc et à l’étranger. Il a également occupé des fonctions à caractère hautement sensible, lui conférant une parfaite maîtrise du milieu sécuritaire national et international, aussi bien sur le plan opérationnel que stratégique». Il aurait effectué des stages de formation notamment aux États-Unis, auprès de la CIA, et chez le Mossad israélien.
Une fois en Espagne, le Marocain a déposé une demande d’asile qui a été rejetée. De son côté, Rabat réclame son extradition, l'accusant «d’appartenance à une organisation criminelle, fraude et promotion de l’immigration clandestine». Des plaintes de deux hommes d'affaires marocains ont été déposées pour escroquerie au Maroc. Son passage en France a égalemment fait d'autres victimes qui ont cru à sa promesse d'intercéder en leur faveur pour obtenir des passeports des autorités françaises.
De son côté, la défense de Hijaouy estime qu’une extradition vers le Maroc mettrait la vie de son client en danger, assurant que le Marocain serait en possession d’informations stratégiques sur le royaume.
Ce feuilleton d’espionnage a connu ces dernières semaines un nouveau rebondissement. Le Marocain a disparu. Il ne se présente plus auprès des autorités policières espagnoles, comme l'avait exigé le tribunal de l’Audience nationale de Madrid.
Un «numéro 2» de la DGED peu discret
Une source sécuritaire marocaine a confié à Yabiladi que Mehdi serait caché par le Centre National d’Intelligence (CNI, contrespionnage espagnol) dans la banlieue de Madrid. Mais contrairement à la version du média espagnol qui le présente comme le «numéro 2» de la DGED dans le passé, notre source a tenu à souligner que Hijaouy a été viré il y a une quinzaine d’années pour «faute professionnelle grave».
Après différentes activités au Maroc et à l'étranger, Mehdi Hijaouy s'est reconverti dans le lobbying. Il a fondé le think-tank basé aux Etats-Unis : «Washington Strategic Intelligence Center». Il affirme dans une brève présentation que le «WSIC agit dans la lumière et dans l’ombre depuis 2017 au service de la Monarchie, du Royaume et de la cause nationale».
Avec cette casquette, Mehdi a publié des tribunes sur le monde des renseignements dans des médias marocains, comme Hespress, le magazine économique Challenge ou encore dans un média marocain anglophone. Une pratique médiatique peu conforme avec la discrétion des agents de la DGED. «Les agents réels du contrespionnage ne se manifestent pas de la sorte», nous précise la même source sécuritaire marocaine.
En attendant un dénouement de cette affaire, la presse algérienne et celle du Polisario en ont fait leurs choux gras. «Fuite du numéro 2 des services de renseignements marocains», a titré Echoroukonline. «La fuite de hauts responsables marocains interroge la stabilité du régime», a noté pour sa part Ecosahraui.