Une semaine plus tard, la seconde caravane humanitaire organisée pour les habitants de la région d'Anfgou n’est toujours pas partie. Annoncée pour la fin du mois de janvier, elle avait été finalement planifiée pour le week end du 2 et 3 mars. Jeudi 28 février, le collectif pour Anfgou prévient dans un communiqué que la caravane est reportée faute d’autorisation du ministère de l’Intérieur. Il reste «en attente de l’autorisation du ministère de tutelle [ministère de l’Intérieur, ndlr], avec pour objectif de conduire l’expédition au plus tard le weekend du 08 Mars», conclut le communiqué. Aujourd’hui, nous sommes vendredi 8 mars, mais la caravane ne partira pas, car le Collectif n’a toujours pas reçu l’autorisation ministérielle.
«En parallèle, [de la récolte de dons, ndlr] une demande d’autorisation est bien entendu soumise à la préfecture de Midelt. Au vu des résultats et des conditions dans lesquelles la première expédition a été menée, l’accord verbal de conduire une 2e caravane est transmi aux coordinateurs du collectif. Seulement quelques jours plus tard et à une semaine du départ, le collectif est informé que par mesure de sécurité, il est nécessaire de déposer une 2e demande auprès du Ministère de tutelle [le ministère de l’Intérieur, ndlr]», explique le Collectif dans son communiqué du 28 février.
Des denrées alimentaires périssables
Une source au sein du ministère de l’Intérieur qui a souhaité rester anonyme, indique que le ministère cherche à empêcher que d’autres mouvements prennent exemple sur l’initiative populaire «Anfgou et régions» à des fins politiques. En ligne de mire, selon elle, les actions de Al Adl Wal Ihassane, mouvement islamiste politique toléré mais non autorisé, déjà très actif dans les villages reculés de l’Atlas.
En attendant, 60 tonnes de dons, pour une valeur de 700 000 dirhams, attendent toujours dans l’espace de stockage utilisé par le Collectif. Des denrées alimentaires, des couvertures, des vêtements, des kits dentaires, des matelas et des jouets ont été réunis, explique l’association, mais aussi des denrées alimentaires périssables.
Le fondateur quitte le collectif
L’initiative pour Anfgou, née sur Facebook, en réaction à la mort d’un enfant dans ce village de l’Atlas marocain, a également connu, la semaine dernière, une autre épreuve : la défection de son initiateur, Allae Hammioui, un Marocain de France. «A l’origine, il y avait un collectif né sur Facebook, et puis certains membres [Elmahdi Benabdeljalil, ndlr] ont décidé le créer l’association El Baraka Angels [le 21 février]. J’en suis convaincu, notre initiative a été récupérée par une famille, et moi je ne veux pas faire de politique. Je ne souhaitais pas qu’on devienne une association parce que les gens n’ont plus confiance en les associations», explique Allae Hammioui.
Lui, comme tous les membres du collectif et de l’association, espèrent que le convoi humanitaire pourra rapidement prendre la route. Cette fois, les différents produits sont destinés à une dizaine de villages, affiliés à la commune de Sidi Yehya Ou Youssef qui compte 1100 familles. Le premier convoi avait réussi à distribuer des tonnes de dons dans trois villages dont Anfgou même.