La santé est toujours malade au Maroc. Les principaux hôpitaux du service public souffrent d’un manque flagrant de médicaments. Les stocks sont dans le rouge. Les produits anesthésiants se font rares, du coup il est difficile d’effectuer des opérations chirurgicales sauf dans les cas les plus urgents, le reste est renvoyé à la liste d’attente. La cause: un retard dans la validation des budgets des CHU (Centres hospitaliers universitaires) par la Direction des Entreprises Publiques et de la Privatisation (DEPP), relevant du ministère des Finances.
«C’est une première. Nous n’avons jamais assisté à une pareille crise», reconnaît Addi Bouaârfa, secrétaire général du syndicat du secteur de la Santé affilié à l’ODT (Organisation démocratique de la santé). Actuellement, les hôpitaux travaillent avec ce qui leur reste de stocks de l’année précédente.
«Les ouvertures de plis des appels d’offres sont suspendus. Le contrôleur fiscal ne peut autoriser des opérations d’achats de produits anesthésiants ou de n'importe quel médicament tant qu’il n’a pas l’aval de la DEPP. Certes le ministère des Finances a approuvé le budget du département de la Santé mais c’est la DEPP qui se charge de celui des CHU», explique-t-il. Et bien entendu, ce sont les malades qui paient les frais de ce retard.
Une grève noircit davantage le tableau
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les malades subissent, également, de plein fouet les conséquences de la grève des chirurgiens affiliés au syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP). Un débrayage lancé le 10 février dans de nombreux hôpitaux du royaume (Oujda, Tétouan, Khouribga, Settat, Souss-Massa-Darâa) pour exiger que les blocs opératoires répondent aux normes internationales. au début de cette semaine, une délégation du SIMSP s’est entretenue avec le secrétaire général du ministère de la Santé afin de mettre un terme à cette grève.
Un dialogue qui aboutit sur la constitution d’une commission chargée de classer les centres où il est difficile d’effectuer des opérations. Sous couvert d’anonymat, un chirurgien n’hésite pas à faire le lien entre cet arrêt de travail des médecins la SIMSP et la décision d’Houcine El Ouradi d’interdire aux blouses blanches de travailler dans les cliniques privées.
250 praticiens auraient présenté leurs démissions
Justement, les inspecteurs du département de la Santé continuent leurs traques des éléments qui ne sont pas conformes à la décision du ministre. Des informations font état de l’interpellation de huit médecins à Agadir.
Parallèlement à ces inspections, le ministre hésite encore à répondre favorablement aux demandes de démissions présentées par 250 praticiens dont notamment des professeurs universitaires et des assistants. « S’il donne son accord, ce sera, alors, le coup de grâce pour le service de santé publique au Maroc. Sachant que 200 chirurgiens et médecins avaient quitté les hôpitaux lors de l’opération de départs volontaire lancée en 2005», avertit Addi Bouaârfa, le SG syndicat du secteur de la Santé affilié à l’ODT.