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Grand Angle

Maroc : Chaâbi, Benjelloun et Sefrioui ont-ils réellement perdu 7,7 milliards de DH ?

Selon le classement Forbes 2013, paru mardi dernier, des milliardaires du monde, les trois plus grandes fortunes marocaines ont perdu, en bourse, en 2012, 7,7 milliards de dollars. Théoriquement.

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Mardi 6 mars, le Maroc apprenait que ses trois plus grandes fortunes avaient perdu en bourse, au total, en 2012, 900 millions de dollars, soit 7, 7 milliards de dirhams. Selon le classement 2013 Forbes, des milliardaires du monde, Miloud Chaâbi, déclassé, prend la second place devant Anas Sefrioui et derrière Othman Benjelloun. Ces aléas de fortune dépendent, en grande partie, de la valorisation boursière du capital de leurs sociétés respectives, révèle le magazine américain. En somme, explique-t-il, le cours en bourse des actions de leurs groupes a baissé et la fortune de ses dirigeants avec.

«La fortune nette de Chaâbi a chuté de 1 milliard de dollars [900 millions de dollars, en comparaison du classement Forbes 2012, ndlr] par rapport à l’an dernier», évalue Forbes. «La SNEP [Société Nationale d’Electrolyse et de Pétrochimie, possédée par Miloud Chaâbi et quotée en bourse, nldr] au 31/12/12, en un an, a vu le cours de son action baissé de 37%», indique Hassan El Hajjaji, gérant de fortune à la société de bourse Maroc Service Intermediation (M.S.IN.) «Cette baisse est forte, mais elle n’a que peu impacté la valeur totale de la fortune de Chaabi parce que la capitalisation boursière totale de la société est faible : seulement 400 millions de dirhams», nuance Hassan El Hajjaji.

Chute des cours

La fortune de Anas Sefrioui suit le même mouvement car «les actions de Groupe Addoha ont chuté cette année, avec la destruction de 300 millions de dollars de la valeur nette du groupe», explique Forbes. «La cours de l’action d’Addoha a baissé de 10% en 2012», complète le gérant de fortune.

Même Othman Benjelloun qui enregistre pourtant une augmentation de fortune de 200 millions de dollars, a subi la baisse de la valeur boursière de la BMCE. «Les actions de la BMCE ont dégringolé en mai 2012 lorsque Benjelloun a démenti les rumeurs selon lesquelles il était malade. En Octobre 2012 Moody’s a déclassé les actions BMCA en raison du risque de crédit accru qui accompagne l'expansion en Afrique sub-saharienne de la société», détaille Forbes. «Le cours des actions de la BMCE à la bourse de Casablanca a perdu lui-même 25%, en 2012», complète Hassan El Hajjaji.

Calculs théorique

«Pour Miloud Chaâbi, la chute des cours de bourse n’a pas impacté réellement sa fortune, mais pour Othman Benjelloun et Anas Sefrioui la baisse de la valeur des actions de leurs sociétés a directement impacté les calculs de Forbes», estime le cadre de MSIN.

«Calculs» car la question à laquelle répond Forbes, par son classement, est la suivante : «aujourd’hui, combien empocherait Anas Sefrioui, par exemple, s’il vendait toutes ses possessions (actions, or, immeuble … en considérant que cette vente colossale simultanée n’influerait pas sur les prix de ces biens).» Il s’agit donc d’un calcul théorique basé sur l’évaluation du prix de marché aujourd’hui de chacun des biens en possession des milliardaires.

Classement abstrait

Miloud Chaabi, Anas Sefrioui et Othman Benjelloun ont beau avoir vu la valeur des actions de leurs sociétés dégringoler en 2012, ils n’ont pas «réalisé cette baisse», indique Hassan El Hajjaji, c'est-à-dire qu’ils n’ont tout simplement pas vendus ces actions. Certes leur prix a baissé, mais tant qu’elles ne sont pas vendues, ce prix et la perte de richesse qu’il suppose, ne sont pas réels mais simplement théoriques. A ce compte là, le classement des fortunes marocaines, par Forbes est purement abstrait et les comptes de Chaâbi ne se portent pas nécessairement plus mal que ceux de Benjelloun.

«Il n’y a aucune raison a priori qui puisse contraindre les trois dirigeants à vendre leurs actions», ajoute Hassan El Hajjaji. Cette baisse, même si elle se prolonge en 2013 – la capitalisation boursière sur ces deux derniers mois est encore en baisse de 5% - peut donc se prolonger sans impacter les richesses réelles des trois milliardaires marocains.

Bourse de Casa : -25% en 2 ans

Ce qui vaut pour les trois plus grandes fortunes marocaines ne vaut pas nécessairement pour tous les actionnaires présents à la bourse de Casablanca. A fin 2012, le MASI et le MADEX, les deux principaux baromètres du marché, ont accusé des baisses respectives de -15,13 %, et -15,51 %, après avoir déjà accusé des replis respectifs de -12,86 % et -12,81 % en 2011, indique lnt.ma.

En deux ans de baisse - 2010 a été la dernière année de hausse des valeurs boursières à Casablanca – la capitalisation boursière, c'est-à-dire la somme des prix de tous les actifs des sociétés cotées en bourse, a baissé de près de 25%. En 2011, le Maroc aurait ainsi connu, par le biais de la bourse, une destruction de richesses de 71 milliards de dirhams, soit l’équivalent de près de 50% du PIB. Cette destruction est hypothétique «car il est impossible de savoir quelle part de la baisse de 25% de la valeur a effectivement été réalisée, explique Hassan El Hajjaji, de savoir combien d’actionnaires ont effectivement vendu leurs actions et perdu de l’argent.»

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