Jusqu’à ce que la mort nous sépare
Les spécialistes disent que perdre son conjoint est un double deuil : on perd d’abord la personne aimée, et également le couple que l’on a formé. Ce «nous» avait existé et duré au quotidien, et il n’est plus qu’un souvenir. C’est pourquoi certaines ladies ont l’impression de perdre leur identité. «Quand mon mari nous a quittés, tous les gestes simples du quotidien me demandaient un effort surhumain» raconte Nadia, veuve depuis maintenant cinq ans. Elle ajoute qu’elle avait l’impression qu’on lui avait arraché une partie de sa vie, et que plus jamais, elle ne pourrait sourire, travailler ou parler à quelqu’un.
Les funérailles terminées et les proches rentrés chez eux, commence la plus dure partie. Il faut maintenant faire face à son quotidien, sans l’autre. Les premières nuits dans le lit vide, les premiers matins sans l’autre, les premières fêtes ou anniversaires…Des difficultés qu’on surmonte petit à petit, mais, bien sûr qu’il y aura une grande différence. A tout cela, s’ajoute parfois la culpabilité. «Si j’avais su qu’il partirait si vite, je ne me serai pas disputée pour des choses si banales», «si seulement je pouvais revenir en arrière» ou encore «J’aurais dû faire mieux»
Comme tout deuil, c’est encore plus difficile lorsque le disparu est jeune, ou qu’il n’était pas très malade. «J’ai failli avoir une crise cardiaque lorsque la police a frappé chez moi au beau milieu de la nuit pour me dire que mon mari avait eu un accident» nous dit Salwa, les larmes aux yeux. «Nous n’étions mariés que depuis deux ans»
Se relever
Difficile, mais pas impossible. Passé le choc, une femme veuve se rend compte que la vie continue, que le soleil continue à se lever et à se coucher. Mais, il ne faut pas hésiter à parler du disparu. Croire que ne pas parler d’un père à des orphelins leur permettrait d’alléger leur souffrance est une erreur.
Les enfants, surtout s’ils sont en bas âge, représentent une souffrance supplémentaire. «Comment vais-je faire toute seule ?». Et pas seulement sur le plan financier. Elle pense à leur éducation, à cette image protectrice qu’ils ont perdue et se sent incapable d’y remédier. «Ma fille avait huit ans quand elle est devenue orpheline. Le monde s’écroulait sous mes pieds» témoigne Ghalia. «Quelques mois plus tard, alors que j’avais toujours cette peur bleue de ne pas réussir son éducation, une belle parole m’a rassurée : Mon oncle m’avait expliqué comment Dieu prenait en charge les orphelins et que je n’avais pas à avoir peur pour elle. Depuis, je suis soulagée».
Car oui, ladies, telle est la volonté du Tout puissant. Nous ne sommes que de passage dans cette vie. La foi est importante dans ces cas là. «Surtout que notre Seigneur nous aide, plus qu’on ne peut le croire». La religion n’interdit pas le fait de parler de sa douleur. Et les spécialistes conseillent même de continuer à évoquer des souvenirs, les plus heureux, surtout devant les enfants.
Lorsque l’une de nos proches perd son conjoint, nous avons tendance à aller la voir au maximum pour lui tenir compagnie. Mais chacun a son quotidien et on est vite pris par la vie. Pour l’aider, il ne faut surtout pas la traiter en victime, elle n’a pas besoin de pitié. Par contre, vous ne pouvez pas l’emmener faire du shopping ou prendre un café tout de suite. Si elle veut rester toute seule, il faut respecter ce choix, sans pour autant couper les ponts.
Et surtout, n’oublions pas que telle est la volonté de Dieu.